L’approche du troisième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle Calédonie, le camouflet infligé par nos faux-amis anglo-saxons avec l’affaire des sous-marins australiens, les agressions d’Iznogoud-Erdogan, sont autant d’évènements récents qui nous rappellent qu’il n’y a pas que le Covid et le réchauffement climatique dans la vie.
Les Français eurent alors une occasion de s’intéresser aux grands sujets de géopolique et de se souvenir à nouveau que la vie internationale n’est pas un long fleuve tranquille.
Quelle ne fut pas ma stupéfaction de constater que plusieurs interlocuteurs, pourtant d’un niveau culturel élevé, avait une perception bien peu claire des problèmes stratégiques et bien optimiste de notre dissuasion.
Puisque dans cinq mois nous allons élire notre président, chef des Armées, celui qui détient l’immense responsabilité d’ultime décision d’emploi d’une puissance de destruction équivalente à 1500 Nagasaki-1945, Il semble opportun de rappeler les véritables enjeux. L’avenir de notre pays, c’est-à-dire de nos enfants, ne doit pas laisser la place aux approximations.
Pourtant c’est à partir d’une stratégie approximative que les décisions furent prises depuis la fin de la guerre froide en France en matière de défense nationale. Certes depuis les années soixante notre dissuasion a largement contribué à garantir la paix par une sanctuarisation réelle du territoire français métropolitain et ultramarin. Mais elle ne reposait pas seulement sur un arsenal nucléaire mais également sur un système élaboré de forces conventionnelles assez puissamment équipées.
Nous en sommes loin aujourd’hui.
Quelques rappels historiques, l’estimation des menaces actuelles et le constat d’une politique de défense inadaptée en sont les preuves inquiétantes. Il conviendra donc d’envisager une nouvelle approche en matière de défense nationale.
Les rares fois où notre pays n’a pas su faire face à l’invasion étrangère correspondent aux périodes de pacifisme béat et d’impréparation de nos états-majors par manque d’intelligence. Comprenons ce manque d’intelligence comme un défaut de renseignement sur les capacités de l’ennemi potentiel.
Afin de gagner du temps de réflexion, passons les invasions romaines ou barbares, évitons la guerre de cent ans et observons seulement deux évènements historiques majeurs encore bien présents dans nos mémoires.
La guerre contre la Prusse en 1870 d’abord. Nous pensions avoir la meilleure armée du monde. Une formidable armée de professionnels rompus à tous les combats sur tous les continents et sous toutes conditions. De 1815 au printemps 1870, jamais la France n’avait perdu un conflit dans ses futures colonies, comme face à des états modernes, la Russie ou l’Autriche… Pourtant notre puissante armée de métier, nos 260 000 soldats particulièrement aguerris ne tinrent pas deux mois face aux 500 000 prussiens et bavarois, en majorité de jeunes conscrits mais mieux dotés en fusils et en artillerie. Napoléon III avait beaucoup hésité avant de s’engager dans ce dernier conflit mais fut trompé par des états-majors bien insouciants.
Notre stratégie dissuasive reposant sur une armée coloniale mais aussi sur une excellente marine, n’évita pas l’invasion du pays et l’annexion de l’Alsace-Moselle. Elle était indéniablement mal adaptée.
Mai-juin 1940, la France est une nouvelle fois envahie, l’armée jugée la plus puissante du monde est enfoncée et décimée. Pourtant nous avions autant de chars et presqu’autant d’avions que les Allemands et, soi-disant, les meilleurs brevetés de l’Ecole de Guerre à la tête de nos forces. Outre les erreurs catastrophiques d’emplois de nos unités et les équipements obsolètes, une des raisons majeures de la plus grande défaite de notre histoire reste d’avoir cru pendant des années à l’efficacité de notre ligne Maginot.
Cette foi inébranlable dans l’effet dissuasif de ligne Maginot paralysa les cerveaux militaires devant le moindre effort d’imagination à quelques exceptions près qui, au final et heureusement, nous sauvèrent de la disparition en tant que puissance et de l’indignité.
Aujourd’hui, il est nécessaire d’évaluer les menaces qui pèsent sur la France pour évaluer la justesse de l’adéquation de notre système de défense.
Que les pacifistes béats, qui sont de retour depuis un demi-siècle, cessent de considérer que la Chine ne constitue pas une menace sérieuse. La Chine qui se dit populaire est avant tout la Chine, le centre du monde selon l’idéogramme qui la représente. Cet état est resté impérialiste et, à présent qu’il en a les capacités, vient d’entreprendre tout simplement la conquête du monde. Au début d’une vision impérialiste on commence toujours par grignoter, c’est-à-dire à s’emparer des proies les plus faibles.
C’est l’apéro stratégique avant le plat de résistance. Hitler le montra en commençant par la rive gauche du Rhin, puis l’Autriche, la Tchécoslovaquie, la Pologne… Staline ensuite avec la Finlande et la Pologne orientale avant de se saisir des pays d’Europe Centrale. Aujourd’hui c’est Xi-Jiping et sa stratégie hypocrite des « routes de la soie ».
Ainsi la Chine et ses dirigeants experts en fourberie, proposent d’abord aux pays bien plus faibles de financer de grands projets économiques selon des contrats dits gagnant-gagnant. Je te donne de l’argent et tu me rembourseras plus tard… En me faisant profiter de certains avantages. Comme d’habitude l’emprunteur pris à la gorge ne regarde pas trop le niveau des intérêts et n’envisage que rarement le pire. C’est comme cela que les Chinois disposent à présent d’une énorme base navale au Sri Lanka, sont propriétaires du port du Pirée, espèrent acquérir l’aéroport de Toulouse et lorgnent sur les ports italiens tout en s’installant sur les côtes orientales et bientôt australes de l’Afrique.
Qui sait, parmi nos concitoyens qu’à Djibouti, face aux 1500 Français, les Chinois ont placé 11000 hommes fortement équipés ? il y a bien 4000 soldats américains avec nous et aussi des Espagnols, des Italiens, des Japonais… Parce que Djibouti contrôle une voie maritime où circule près de 10% du trafic mondial à quelques encablures de zones géographiques soumises à des conflits longs et répétés. La France y entretenait 4000 hommes au temps de la conscription (professionnels et appelés volontaires des trois armées).
Ne soyons pas naïfs, aujourd’hui les Chinois regardent avec envie la Nouvelle-Calédonie, territoire français riche en nickel et gigantesque porte-avions.
Mais les procrastinateurs de la défense nationale rétorqueront que nous avons la dissuasion.
Et bien cela est insuffisant. Soit nous nous retirons de nos possessions ultramarines ce qui contribuera à notre appauvrissement déjà bien entamé par la désindustrialisation, soit nous les défendons. Malheureusement l’arsenal nucléaire ne correspond pas du tout à l’enjeu. Enverra-t-on un missile nucléaire pour sauver Nouméa ?
Ne nous attardons pas non plus sur les menaces turques pourtant bien réelles. L’inadmissible humiliation de notre frégate Courbet, mise en acquisition sous les canons de la marine d’Iznogoud-Erdogan révèle que ces menaces ne sont pas des fantasmes de matamores… L’insolence turque n’aurait jamais du rester impunie. Il fallait répliquer par la destruction dans les jours qui suivirent des navires turcs incriminés. Car pour dissuader, il faut aussi une volonté de la part d’un vrai chef d’état.
Enfin, nous devons faire face à une menace intérieure grandissante. Celle qui se développe dans plus de 500 secteurs urbains et métropolitains perdus par la République et qu’on appelle les zones de non droit. La charia et les règles des caïds de la drogue y ont supplanté les lois de notre pays. L’ennemi est désormais à l’intérieur. Il agit aux moyens d’actions terroristes qui firent depuis dix ans près de 300 morts et des centaines de blessés sur notre territoire. Les terroristes comme les voyous sont de mieux en mieux armés et chaque jour qui passe leur permet de renforcer leur dispositif. A quoi servit notre dissuasion ? A rien.
Parce que par paresse intellectuelle conduisant à l’ignorance et à l’incompétence, nos démagogues au pouvoir ont laissé évoluer le monde sans plus jamais s’adapter aux menaces. Ainsi, en se persuadant que notre arsenal nucléaire allait protéger notre confort pour un avenir sans limite, ils ont délaissé la définition d’une véritable dissuasion.
La dissuasion ce n’est ni une arme ni un bouclier qui se résumerait à la bombe nucléaire.
Dans ses conceptions dissuasives, face aux menaces de l’époque, le Général de Gaulle avait parfaitement compris que la France devait se doter d’un arsenal nucléaire mais aussi d’un corps de bataille blindé et mécanisé. Enfin de développer un système de Défense Opérationnelle du Territoire faisant face à toute pénétration par voie aérienne, maritime ou terrestre.
Avec une armée de 600 000 hommes correctement équipée, la dissuasion gaullienne ne pouvait être qu’efficace.
Par la suite, les Etats-Majors firent évoluer leurs réflexions en fonction de l’évolution des armements et des politiques.
Même ceux qui n’ont guère d’admiration pour l’œuvre de François Mitterrand, reconnaissent qu’il avait su comprendre l’évolution de notre système de dissuasion, notamment en laissant se poursuivre les programmes de fabrication d’armes nucléaires tactiques. Ces missiles de petites puissances permettaient d’imposer une première frappe nucléaire à l’ennemi afin de démontrer notre détermination à aller plus loin et plus fort s’il ne cessait son action hostile. Il s’agissait donc d’un système dissuasif gradué.
Aujourd’hui notre dissuasion est devenue un système complètement inadapté. Si la Chine nous attaque, nous pourrions certes la menacer d’une frappe nucléaire 1500 fois plus puissante que celle d’Hiroshima. Il est sans doute certain que la Chine ne nous attaquera pas.
Cependant cette supposition ne suffit pas à neutraliser toutes les autres menaces qui pèsent sur l’intégrité et du Peuple Français et de son territoire. La Chine, en effet, ne risque pas de nous affronter directement. Mais elle peut utiliser plusieurs modes d’action bien différents d’une attaque frontale.
Comme le fut la Ligne Maginot notre arsenal nucléaire est contournable. Les stratèges du terrorisme ne s’en soucient même pas et bénéficient de leur alliance avec les bandes de dealers et les imams jihadistes pour trouver, dans les quartiers, le soutien logistique, les armureries et les installations d’instruction dont ils ont besoin.
Pour protéger nos territoires ultramarins, notre système dissuasif ne me semble pas adapté non plus. Le fait que nos trois armées y soient en effectif réduit ne démontre guère une volonté ferme de sanctuariser nos territoires les plus éloignés.
En conclusion, la situation internationale actuelle impose de revoir notre défense nationale pour la remplacer par un système de dissuasion globale. Qu’on ne parle pas des systèmes d’alliance qui sont si rapidement évolutifs qu’ils ne doivent plus jamais paralyser la réflexion intellectuelle des états-majors. Nos forces conventionnelles ne doivent plus compter sur l’intervention de l’OTAN dont la Turquie est une des principales composantes. Ni sur un troisième débarquement américain avec des présidents des Etats-Unis gagnés par le non interventionnisme. Surtout pas, non plus, sur l’aide d’une pseudo Union Européenne ni sur les capacités d’un couple franco-allemand issues d’une affligeante crédulité.
L’arsenal nucléaire doit retrouver une composante tactique pour permettre la graduation de la riposte et démontrer notre volonté d’éviter le pire.
Notre nouveau système dissuasif globale se doit de disposer de forces conventionnelles puissantes en qualité et en quantité. Arrêtons de considérer que notre corps de bataille doit s’appuyer sur des blindés légers (griffons, jaguars…). Nos grands chefs militaires y travaillent enfin puisqu’ils réfléchissent sur les engagements futurs en parlant de combats de haute intensité. Cela signifie développer une force nombreuse combinant l’emploi de chars, d’une aviation puissante, d’artillerie et d’hélicoptères, premier avertissement avant la possibilité d’une frappe tactique. Soyons également prêts à défendre nos territoires les plus éloignés par une marine modernisée et puissante, la projection d’une flotte de rafales rénovés et au nombre accru, la mise en place d’effectifs terrestres importants dont la seule présence est une composante de notre volonté dissuasive.
Tout cela coûte cher c’est certain, mais mes parents, mes instituteurs, mes profs m’ont enseigné que la liberté n’avait pas de prix.
Enfin un système dissuasif implique d’avoir un président français crédible. M. Emmanuel Macron a beaucoup de mal à obtenir cette crédibilité, nous l’avons constaté lors de ses voyages au Moyen-Orient, en Israël et au Liban, lors de ses déplacements pour retrouver Angela Merkel ou Vladimir Poutine et jusque dans ses poignées de mains avec Joe Biden et Boris Johnson. On peut douter de la perspicacité de celui qui découvre à peine la complexité de la géopolitique à l’issue de son stage ENA de quatre ans à l’Elysée. On peut douter de la capacité de discernement de celui qui céda aux revendications d’écolos dogmatiques et aux exigences allemandes destinées à neutraliser notre industrie…
Natif de Mulhouse et habitant aujourd’hui les Pyrénées centrales, j’ai la France dans la peau.
Après Saint Cyr, j’ai servi comme Officier dans les Bataillons de Chasseurs Mécanisés passant la moitié de ma carrière dans les Forces Françaises en Allemagne.
J’ai quitté l’Armée comme jeune Commandant pour entrer dans l’Industrie nucléaire où j’ai servi 26 ans.
J’ai exercé les fonctions de PDG d’Areva-LMC (logistique de la matière nucléaire) puis de DG de Westinghouse en Europe et en Afrique du Sud.
Je parle plusieurs langues étrangères et j’ai rédigé des romans ainsi que des manifestes politiques.
Bonapartiste de toujours l’effondrement de mon pays, le reniement de son Histoire, et le mépris de son Peuple me sont insupportables. Surtout lorsque cette situation résulte de l’activité de piètres personnages au plus haut niveau de responsabilité politique ou économique.
J’ai rejoint France Bonapartiste et l’Appel au Peuple pour participer activement au redressement de la Nation en trouvant l’inspiration dans l’œuvre de nos deux Empereurs.