La bataille des élections régionales et départementales arrive à son terme et nous saurons d’ici quelques jours qui en sortira victorieux ; une liste en particulier, un parti précis, ou bien la toujours redoutée abstention, trop souvent en tête ces dernières années pour les élections dites locales. Et pourtant, dans une certaine forme d’ironie, ce sont ces élections qui permettent le plus souvent d’élire les représentants qui agiront concrètement (ou pas) au quotidien des Français.
Cette année, la campagne politique se sera fait remarquer par son silence. Il y a quelques semaines encore, toutes les chaînes d’informations et les journaux télévisés des programmes classiques ne juraient que par la crise sanitaire. A chaque instant de la journée, nous étions en mesure de savoir le nombre de vaccinés et quels ministres furent cas contacts. En revanche sur les élections à venir, au mieux quelques minutes, au pire un silence radio.
En juin, la situation sanitaire du pays continue de s’améliorer. Enfin ! On aurait donc pu penser qu’une place plus importante serait alors donnée aux élections régionales et départementales. Hélas ça serait oublier l’Euro 2020 qui débute et qui attire forcément le plus d’attention et de partisans. Qui pourrait donc blâmer les supporters après les mois que nous venons de passer ?
Le faible engouement des Français sur l’élection de nos représentants en régions et en départements additionné à la faible médiatisation de ces échéances électorales elle-même additionnée au peu de possibilités données aux candidats de faire connaître leur programme donnent cette analyse quelque peu amère et nous nous orientons probablement vers une abstention une nouvelle fois record. Espérons que nous nous trompons…
Néanmoins, nous avions déjà alerté sur ce constat et avions proposé de décaler ces élections à l’automne, afin de laisser plus de place aux candidats et plus de temps ; hélas nous n’avons pas été entendu.
Une problématique qui n’a peut-être pas été anticipée suffisamment trouve sa source dans la méconnaissance des compétences allouées aux futurs élus. Que fait le département ? Que propose la région ? Ce millefeuille administratif donne des sueurs froides aux Français ; raison pour laquelle nous souhaitons le simplifier.
Mais avant de parler de compétences exclusives et de compétences partagées, il convient dans un premier temps de revenir brièvement sur la loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, plus communément appelée la loi « NOTRe ».
La loi « NOTRe »
L’objectif vise à renforcer les compétences des régions au détriment des départements. L’on peut citer en exemple les transports interurbains et scolaires (à l’exception des transports de personnes à mobilité réduite), mais également les ports départementaux ou encore les aides sociales et le tourisme.
En outre, certaines compétences de l’État, notamment dans le domaine de l’aviation, ont été redirigées vers les régions.
Enfin, une nouvelle carte intercommunale a du sortir de terre.
Mais quelles sont donc les compétences des régions et des départements ? Quels sont les pouvoirs de ceux qui demain seront élus ? Et dans quels secteurs vont-ils agir pour notre quotidien ? Éléments de réponse :
Aux départements
Les actions dites sociales comme
- L’enfance (aide sociale, protection maternelle, adoption, soutien aux familles en difficulté financière,
- La situation des personnes dites handicapées (hébergement, insertion sociale),
- Les personnes âgées (maisons de retraite, allocations),
- Et plus largement les prestations légales d’aide sociale comme la gestion du RSA.
L’éducation
- Le département assure la construction, l’entretien et l’équipement des collèges.
Il détient également la compétence de l’aménagement de son territoire
- Équipement rural,
- Aménagement foncier,
- Gestion de l’eau,
- Gestion de la voirie rurale en tenant compte des priorités définies par les Communes,
- Gestion de la voirie départementale.
Enfin, le département a également une compétence culturelle
- Bibliothèques,
- Archives,
- Musées.
Mais aussi une compétence dite partagée avec les Communes et les régions sur les questions liées au sport et au tourisme, mais également sur la promotion des langues régionales.
Aux régions
Le développement économique
- Aide en faveur de la création d’activité ou d’entreprise en difficulté.
L’enseignement secondaire et supérieur
- Construction, entretien, fonctionnement des lycées,
- Stratégie régionale pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation.
La gestion des programmes européens et pilotage des politiques « agriculture et développement rural » à l’échelon régional.
La formation professionnelle, l’apprentissage et l’alternance.
Les transports
- Financement des projets de modernisation du réseau,
- Gestion de la politique de mobilité en matière de transport ferroviaire,
- Transport interurbain mais également scolaire,
- Gestion des gares publiques routière du département (oui oui, par la région…).
Et enfin l’aménagement du territoire et la protection de l’environnement.
- Gestion économe de l’espace,
- Désenclavement des territoires ruraux,
- Implantation d’infrastructures d’intérêt régional,
- Gestion des déchets,
- Valorisation de l’énergie,
- Lutte contre le réchauffement climatique etc.
La question que vous serez alors en droit de nous poser à la lecture des énumérations qui précèdent se résume ainsi : pourquoi ces rappels ?
Nous vous répondons alors que c’est en identifiant les compétences dévolues aux futurs élus que nous pouvons apprécier la nature de leur programme politique.
Prenez par exemple le Rassemblement National. Ses candidats n’ont que le mot « sécurité » à la bouche.
Regardez Lutte Ouvrière. Ils ne font que blâmer les « gros patrons qui font payer la crise aux travailleurs ».
Lisez les écologistes. Les femmes et les hommes qui se présentent à vous ne vous parlent que de « redonner de la vitalité aux zones rurales ».
Enfin, les partis liés à la France Insoumise ne font que pointer du doigt les « politiques libérales qui ont fait le lit de l’extrême droite » et ne s’obstinent qu’à proposer un « programme » (si nous pouvons l’appeler comme tel) face uniquement qu’au RN.
Une fois encore, il sera nécessaire de démêler certaines professions de foi, car pléthores de candidats ne défendent en réalité qu’une politique nationale n’étant même pas adaptée si ce n’est adaptable à l’échelon régional et départemental. Pour cela, il nous est bien difficile de savoir ce qu’ils comptent réellement mettre en œuvre pour le territoire sur lequel ils prétendent être élus.
Jouer sur la peur, et mettre les Français non pas ensemble pour surmonter les problèmes mais au contraire opposés les uns aux autres sera l’objectif de certains candidats. Face à eux, les solutions les plus concrètes trouveront peut-être leur source sur les « petits partis » voire même sur des candidats sans étiquettes.
Nous espérons qu’à la lecture de cet article, vous aurez une meilleure compréhension de l’enjeu tout entier de ces élections à venir, sans visions faussées et avec la conviction de voter pour des candidats honnêtes disposant d’un réel programme pour votre région ou votre département. « Parlons vrai » a toujours été la vision de l’Appel au Peuple.
Rendez-vous donc dimanche pour le premier tour !
Christopher DESTAILLEURS-HENRY
Porte-parole de l’Appel au Peuple
Image par Christoph Schütz de Pixabay
Natif des terres parfumées de Provence, je suis depuis toujours un amoureux de la France, dans son ensemble et dans sa diversité. La richesse de nos paysages et la pluralité de nos coutumes n'ont de cesse de m'émerveiller mais me rappellent néanmoins l'unité de tout un peuple autour de la Nation, une et indivisible. Poussé par les principes d'égalité, de méritocratie, de respect ou encore d'autorité, je me suis orienté vers des études juridiques. Je me considère comme patriote, attaché à l'histoire de mon pays à la fois riche, glorieuse voire parfois tempétueuse.