LA DÉCHÉANCE PARENTALE

« Se conduire en bon père de famille » est une expression jugée désuète et prétendue sexiste mais tellement riche de sens.

C’est un concept millénaire réintroduit dans le code civil de 1804. Il consiste à considérer qu’agir en « bon père de famille » est une norme qui permet de mesurer la gravité de la faute. Plus on s’écarte du comportement du bon père de famille, plus la faute est lourde. Il est évident que cette norme fluctue dans le temps et dans l’espace. Elle est le reflet de la culture ambiante. C’est donc la jurisprudence, plus que la loi, qui la fait évoluer. Par souci de parité, cette expression a été abandonnée en 2014 dans sa forme et dénaturée dans son fond. Elle garde cependant ses caractéristiques immuables qui lui laissent toute sa valeur. Elle fait appel à des standards universels et reconnus, polyvalents, souples et évolutifs, qui resteront toujours d’actualité.

Le bon père de famille, est celui qui se soucie de tous les membres de sa famille et des biens de cette communauté. C’est un gestionnaire avisé. Il se montre protecteur, raisonnable, courageux, vigilant, et équitable. Il se comporte comme je voudrais que se comportent ceux qui endossent le rôle de chef de notre grande famille, la France.

Si nous voulons que notre famille ne se désunisse passe, que ses conditions de vie ne se détériorent pas davantage, que ses valeurs soient préservées, alors exigeons que l’Etat soit, comme tout bon chef de famille :

Protecteur 

Les parents protègent leurs enfants des agressions intérieures et extérieures. De même l’Etat devrait assumer pleinement et efficacement ses fonctions régaliennes de police, justice, défense et diplomatie. Aujourd’hui la sécurité intérieure est mise en péril, fragilisée par des vagues de manifestations de plus en plus violentes et de actions extrémistes de tous bords. Les zones de non droit se multiplient dans toutes les villes de France. Les dépositaires de l’autorité publique ne sont plus respectés. Le malaise est profond. La justice est trop lente, trop chère, inefficace. L’institution pénitentiaire, dans un état de délabrement inacceptable, peine à remplir correctement sa mission. L’armée, suremployée, sous équipée, ne parvient que difficilement à rester opérationnelle. La diplomatie n’a plus de fil conducteur et brinquebale d’une position à l’autre, au gré des alternances politiques. Il est urgent de rétablir la sécurité. Elle est la première de nos libertés.

Raisonnable

Un chef de famille évite de mettre ses enfants en péril par des mesures imprudentes. La prudence est mère de sureté. L’Etat l’oublie bien souvent. Incapable de rester raisonnable dans les dépenses, peu enclin à favoriser la création de richesse, il ne connait d’autres solutions que l’alourdissement de la charge fiscale, la vente du patrimoine et l’emprunt massif pour assurer ses recettes. Il appauvrit le pays et hypothèque durablement l’avenir. L’Etat n’est pas davantage raisonnable en privilégiant le court terme, généralement le temps d’une mandature et se défausse lâchement sur les générations futures. Et, pour aggraver une situation déjà très dégradée, la crise sanitaire que nous traversons ouvre la porte à tous les excès. A l’urgence devrait répondre une prudence qui n’exclue pas l’audace.

-Courageux

Être courageux c’est savoir faire face aux aléas de la vie en prenant les bonnes décisions, fussent-elles impopulaires. C’est avoir le sens des responsabilités. C’est oser prioriser. C ’est de ne pas éluder, esquiver, procrastiner. C’est de ne pas agir par intérêt personnel ou par démagogie transiger avec ses devoirs. C’est de ne pas avancer de compromis en concessions sous le couvert de démocratie participative. C’est de ne pas capituler devant les minorités agissantes qui dictent leurs égoïstes conditions. C’est de ne pas mettre le genou à terre devant les persuasifs lobbyistes. Le courage est une vertu cardinale. Nos gouvernant gagneraient à ne jamais l’oublier. Réclamons non seulement qu’ils aient du courage mais aussi qu’ils en inspirent.

Vigilant et diligent

Le bon chef de famille écoute ses enfants, repère les problèmes et intervient avec rapidité et efficacité. Il ne laisse pas la famille se déliter et l’ambiance se dégrader. Il connait les membres de sa famille et les comprend. Il ne les néglige pas, leur porte soin, attention et affection. Il est proche d’eux et ne les méprise pas. Notre Etat jacobin, parisianiste, hypercentralisé, fonctionnarisé à l’extrême, bureaucratisé, isolé des réalités, traite les citoyens avec condescendance, sans considération des réalités de leur quotidien. La distanciation peut avoir un aspect positif. L’éloignement nuit à la compréhension et à l’efficacité.

-Equitable.

Tous les enfants méritent la même attention et le même traitement. L’équité c’est la première égalité, une condition essentielle de la cohésion familiale. La juste répartition des richesses, la juste répartition des charges, la juste équivalence de traitement limitent les rivalités pour le maintien de la paix sociale. Ce juste équilibre n’est pas atteint en France et les écarts vont grandissants. Pendant que les très riches s’enrichissent, les pauvres se multiplient et les classes moyennes disparaissent dans un nivellement par le bas. Cette injustice est une véritable violence sociale qui déchire la société française.

Dans les bons comportements d’un chef de famille il en est un qui mérite une attention particulière.

Le bon chef de famille subvient aux besoins de sa tribu.

Il assure les revenus de la famille et gère le budget, équilibre dépenses et recettes dans la courte et dans la longue durée. C’est un gestionnaire avisé. Il devrait en être de même pour L’Etat qui dans une des fonctions régaliennes à la charge de la politique monétaire et la gestion des finances publiques. En fait, l’Etat a perdu sa souveraineté monétaire et subit, résignée, le dictat européen. Il lui reste la gestion des finances publiques et la responsabilité de la politique économique et budgétaire. Pour le chef de famille le revenu est essentiellement généré par le travail. Il en va de même pour la famille France. C’est la production, résultat du travail, qui crée la richesse. Il appartient à l’Etat de l’organiser, la soutenir, la favoriser. En se bornant, par facilité, par manque de courage, à des mesures conjoncturelles plutôt qu’à des réformes structurelles, l’Etat manque à son devoir et paralyse la production. Or la France ne peut plus vivre en autarcie. Elle est condamnée à importer. Pour payer ses indispensables achats, elle doit puiser dans sa trésorerie. S’il n’y a pas de contrepartie en recettes, grâce aux exportations, quand la caisse est vide, elle est condamnée à entamer ses économies puis à vendre son patrimoine et ainsi, petit à petit, s’appauvrir. C’est le chemin que nous prenons aujourd’hui. A défaut d’une trésorerie suffisante, à défaut de recettes suffisantes, nous empruntons inconsidérément, nous puisons dans nos réserves et nous nous vendons à l’étranger. Nous cédons notre patrimoine économique, immobilier, financier, historique et même nos industries stratégiques : Pechiney, Alstom, Lafarge, PSA, Altis, Club Med, Fram, Baccarat, Lanvin, Aubade, Le Printemps ,….. Faut-il continuer l’énumération ? La liste est longue. Que restera-t-il ? Et finalement nous perdrons aussi notre âme.

Si nous voulons garder notre culture, notre liberté, si nous refusons d’être vendu à la Chine ou d’autres pays expansionnistes, si nous voulons rester la France, il devient impérieux et urgent de consacrer enfin l’essentiel de nos efforts à la création de la richesse, au redressement de notre industrie, en favorisant la production nationale et son exportation. Il est temps d’arrêter de ruiner la France en distribuant inconsidérément et, sans contrepartie, nos maigres ressources pour acheter une illusoire paix sociale. Arrêtons d’espérer remplir ce tonneau des Danaïdes. Arrêtons de rêver de redistribution d’une richesse que nous n’avons pas et que nous ne savons plus créer. On ne partage pas la pauvreté. Arrêtons l’hypocrisie et le mensonge. Réservons notre énergie et le peu de moyens qui nous restent à l’investissement productif. Il y va de notre survie.

En résumé, la famille France est en souffrance. Elle éclate, se désunit, se déchire. De plus en plus de nos enfants fuguent, s’expatrient. Ceux qui restent deviennent de plus en plus turbulents, bagarreurs, haineux, mal-élevés. Les rivalités s’installent. L’autorité parentale est bafouée.

Nos parents sont défaillants ? Nous en faisons depuis trop longtemps le triste constat. L’état dégradé de la France, preuve des manquements graves de ses parents, légitime le reniement. Alors, s’ils méritent la déchéance, pourquoi ne pas en changer ? On dit qu’on ne choisit pas ses parents. C’est faux ! Les Français peuvent choisir leurs parents, par un vote intelligent.

Faisons appel au peuple pour faire le bon choix, le choix d’un chef de famille à la hauteur de ses responsabilités

Image par Ich wünsche allen eine besinnliche Advents- und de Pixabay

Jiminy