Retirer les bouquinistes ! Ben voyons.

Du Pont Marie au quai du Louvre, et du quai de la Tournelle au quai Voltaire, le Grand Fleuve de la ville lumière s’écoule entre deux étagères de vieux livres, et ce depuis cinq siècles comptés, dit-on selon la mémoire des parisiens.

 

Ce serait de  »petits colporteurs » qui auraient  investit les rives du Grand Fleuve, ou plus exactement un pont principal dit  »Pont Neuf »…

 

En l’an de grâce 1649, un décret dit : l’Interdit, fut promulgué et d’aucun dirent que là était le vœux et même l’insistance de la guilde des libraires. Dans les faits, quelques  »râleries » furent effet d’aubaine pour les autorités royales, sous la main de Mazarin.

L’aubaine : c’est-à-dire éradiquer ce marché parallèle qui vendait des ouvrages non soumis à la censure.

Les libraires itinérant furent donc chassés,  mais réintégrés sous approbation.

 

Mazarin avait du affronter la  »fronde parlementaire de Paris » ; l’heure de la reprise en main avait sonné. Reprise en main : vœux pieux bien vite contourné.

 

Depuis les vendeurs de bouquins font commerce, jusqu’à nos jours.

 

Le symbole des bouquinistes d’occasion est un lézard regardant une épée.

Tout un programme, pour que vogue la galère des vieux papiers.

Se vend et à peine caché de vieux ouvrages, du plus frivole au plus sulfureux, sur les quais du Grand Fleuve de la capitale d’un peuple pour qui le mot interdit ouvre la curiosité.

En 1859, des concessions sont mises en place par la ville de Paris et les bouquinistes sont autorisés à s’établir à des points fixes. Chacun a droit à 10 mètres de garde-corps moyennant une redevance annuelle de 26,35 F et un permis de 25 F. Les ouvertures sont du lever au coucher du soleil

 

De l’heure où Maître Lézard se lève pour se chauffer au soleil, jusqu’à l’heure où Maître Lézard s’endort faute de chaleur après avoir un jour durant, défié le symbole du pouvoir, c’est-à-dire l’épée !

 

En 1930, les dimensions des « boîtes » sont été fixées.

 

Chers amis, après avoir rapidement brossé la petite histoires des Lézards et insisté sur le caractère traditionnel, posons nous la question sur le caractère judicieux de priver les Lézards du soleil qui leurs est dû.

 

Certes, l’Olympisme est une tradition de grande valeur symbolique qui prend racine dans les abysses du temps et à une résurrection moderne que je salue, mais, car il y a un mais : Doit-on opposer une tradition à une autre ? Faire primer le culte du corps à celui de l’esprit ?

 

Symboliquement, cela revient à amputer l’unité humaine, séparer l’esprit du corps, faire un choix entre la prouesse du corps et la prouesse de l’esprit ; si cela peut paraître tiré par les cheveux, ne doutons pas que l’inconscient populaire en saisirait voire : en saisira le sens.

 

Gouverner, peu importe le niveau de compétence, est un exercice qui demande la plus grande prudence et ne pas tenir compte de l’effet de l’acte sur les masses est plus que de la légèreté, plus que de l’incompétence : c’est une mise en danger de l’équilibre des dites masses.

Comme le professe Gustave LEBON : la foule a sa psychologie et la psychologie des foules  se base sur leur instinct, sur leur raison des besoins, mais en aucun cas sur une conscience réfléchie.

 

Nul ne devrait ignorer le facteur humain et encore moins ceux qui ont la charge de gouverner.

Gouverner est anticiper l’avenir : l’avenir est une suite d’actions qui entraîne d’autres actions plus ou moins réactives. L’inconscient collectif est encore plus instable que l’inconscient humain unitaire, si je puis m’exprimer ainsi.

 

Retirer le temps d’un olympisme des bouquinistes, peut paraître secondaire et sans effet à l’esprit conscient ; il n’en sera pas de même au sein de l’inconscient des masses.

Le culte du corps paraîtra primer sur tout ; le prix en sera élevé et gageons que deux camps se distinguerons pour prévaloir l’un sur l’autre.

Séparer l’un de l’autre est plus qu’une erreur, c’est une faute !

 

Nous vivons depuis trop longtemps sous la dictature du prêt-penser, sous l’infantilisation des masses et pliés sous l’autoritarisme d’élites autoproclamés.

Depuis trop longtemps, nous subissons la dictature de démocrates qui ignore le principe même de démocratie.

 

À ces braves gens qui ont dans la bouche ce mot tout en en bafouant le sens, rappelons leur simplement que si la démocratie est, selon leurs dires, la principale composante de leur ADN, rappelons à ces braves gens que le chemin le plus direct de ladite démocratie est de tenir compte de l’avis des masses c’est-à-dire en faisant tout bêtement appel au peuple souverain. Rendons aux masses leur liberté d’expression en leur demandant leur avis ; soyons lucide et faisons confiance au peuple en faisant  »Appel au Peuple ».

 

La volonté populaire ne souhaite pas cette éviction : à nos gouvernants de choisir entre volonté du peuple et inconséquence factieuse. Ceci n’est qu’un exemple de déni, parmi tant d’autres.

Éric Burstcher