Chauffeur-livreur dans le commerce en ligne : esclavage moderne ?

Le monde dans lequel nous vivons, est complètement fou.

Au nom du libre-échange, du marché unique, la population Française se paupérise à vitesse grand V.

La rémunération et les conditions de travail des acteurs du commerce en ligne sont la seule variable d’ajustement de cette concurrence « libre et non faussée », qui est poussée au bout de sa logique.

Nous vivons dans le siècle de l’instantanéité, les échanges de données se font à la vitesse de la lumière :

Les êtres humains que nous sommes, ne pouvons prétendre à une telle célérité.

Alors, les « bien-pensants » ont imaginé un système dans lequel nous pouvons acheter un produit et en disposer en un temps record.

A l’heure du tout numérique, nous passons commande et pouvons être livrés en moins de 24h même les dimanches : nous oublions que derrière ces prouesses une terrible pression s’exerce sur les acteurs de ce système machiavélique !

Les plateformes de vente en ligne centralisent les commandes des internautes, les opérateurs reçoivent quasi en temps réel les ordres de préparation : c’est le flux continu. Nous pouvons suivre en temps réel l’évolution de nos commandes par le biais de multiples canaux de diffusion (SMS, courriel). Celles-ci sont remises en un temps record aux sociétés de transport.

Ces chauffeurs-livreurs je les vois tous les jours :

Ils viennent nous livrer à l’entreprise et font les ramasses de nos colis également.  Simultanément, ils livrent les colis du commerce en ligne aux particuliers.

Il faut être aveugle pour ne pas observer une rotation très importante de leurs effectifs, ce qui n’est jamais bon signe.

Je prends quelques fois le temps d’essayer de discuter avec eux. Ils ont rarement le temps de converser, car leur terminal numérique leur rappelle qu’ils ne sont pas dans les temps…

Ils ont très souvent au moins 80 livraisons par jour, avec souvent des destinataires absents, et/ou désagréables. Parfois il faut monter plusieurs étages, courir toute la journée, rouler vite sans respecter le code de la route.

Les acheteurs peuvent ensuite noter la qualité du service de l’ensemble de la chaîne logistique, et ils sont souvent impitoyables.

Les plateformes font travailler indirectement des sans-papiers, des travailleurs non déclarés (1), ils sont une main d’œuvre malléable à souhait. Celles-ci ne sont jamais responsables devant la loi car n’embauchant pas directement ces travailleurs.

On appelle cela l’uberisation de la société, mode de vie si cher à notre Président.

J’ai encore en mémoire l’échange entre le candidat Macron de 2017 et un acteur Uber (2), le premier expliquant au second qu’il préférait voir des jeunes des cités travailler pour 5 euros de l’heure plutôt que de vendre de la drogue (sic), et puis qu’au final il ne devait pas se plaindre puisque des artisans, nos paysans étaient à la même enseigne.

Voilà le fond de la logique néo-libérale.

Quand les rémunérations sont basses, les cotisations le sont également : cela nous ramène directement au financement de nos retraites, tout est lié. Pour que notre régime de retraite par répartition soit viable il nous faut une industrie et une agriculture fortes, seules capables de créer de la richesse car employant de la main d’œuvre qualifiée à forte valeur ajoutée.

Nos dirigeants ont malheureusement transformé « notre cher et vieux pays » en parc d’attraction à ciel ouvert.

Dans le cas du commerce en ligne, qui est en train de faire mourir nos commerces de proximité « non essentiels » et cela s’est accéléré avec la gestion catastrophique de la pandémie, il faudra encadrer drastiquement ces pratiques, un délai de livraison minimal de quelques jours devra être imposé aux acteurs de la vente en ligne, ainsi qu’une interdiction de livrer les samedi et dimanche :

Cela permettra de remettre l’église au centre du village et de faire retomber la terrible pression qui s’exerce sur les chauffeurs-livreurs !

 

1-https://www.ledauphine.com/faits-divers-justice/2020/12/11/amazon-a-annecy-137-chauffeurs-controles-49-infractions-relevees

2-https://youtu.be/ksBfbaJM9Ys?t=4728

Chef d'entreprise, secrétaire général adjoint en charge des délégations pour l'Appel au Peuple.