La véritable Participation

Eric Zemmour a décidé dans son programme électoral de parler de Participation.

Les bonapartistes ne peuvent que le remercier de mettre cette idée économique et sociale en avant car elle fait partie, comme pour les gaullistes authentiques, des piliers de notre famille politique. Mais il est dommage que monsieur Zemmour et ses conseillers n’aient pas compris toute la finalité de la Participation et que comme d’autres avant eux n’en fassent au mieux qu’un pompon de manège politique, au pire qu’une politique de remplacement salariale comme le rêvent les héritiers des droites patronales pompidoliennes et libérales giscardiennes.

 

« La participation métamorphose la condition de l’ouvrier, elle fait de lui un associé au lieu d’un salarié… Indirectement, elle a une grande vertu pour accroître la puissance productive de la société. En un mot le système de participation mérité d’être compté parmi les améliorations sociales qu’il importe de mettre en honneur. » écrivait Michel Chevalier, proche de Napoléon III, en 1867. « Les chefs, les cadres, les ouvriers, fixeraient ensemble, entre égaux, les conditions de leur travail, les rémunérations », « Nous, peuple français, nous voulons que les travailleurs deviennent des sociétaires, au lieu d’être des salariés. » renchérit le général de Gaulle en 1948. Voilà où se trouve l’essence de la Participation, dans la véritable association du capital et du travail, dans ce que nommera Marcel Loichot le « pancapitalisme » et qui se traduit par :

 

  • La participation aux bénéfices dans un système collectif de revenu non salarial lié aux bénéfices ou à tout autre mesure des résultats de l’entreprise.
  • La participation au capital par l’accès des travailleurs à la propriété des moyens de production, c’est à dire au capital social de leur entreprise. Elle aboutit donc progressivement à l’abolition de l’opposition entre capitalistes et travailleurs.
  • La participation aux responsabilités qui se présente comme la transposition sur le plan économique de ce que sont dans l’ordre politique les droits et les devoirs du citoyen.

 

C’est pour cela qu’il faut continuer à faire la distinction entre Intéressement et Participation.

 

Dispositif facultatif quelle que soit la taille de l’entreprise et uniquement financier, l’Intéressement permet aux salariés de bénéficier financièrement des résultats ou des performances de leur entreprise. Contrairement à la Participation, l’Intéressement est disponible immédiatement mais peut lui aussi alimenter le Plan Epargne Entreprise.

 

Contrairement à ce que préconisent certains, la Participation aux bénéfices ne doit être défiscalisée que si elle est placée sur un PEE comme c’est le cas aujourd’hui. Défiscaliser entièrement la participation aux bénéfices afin d’inciter les salariés à la « consommer » immédiatement serait faire une substitution salariale aléatoire trahissant l’esprit de l’épargne sociale voulue par Napoléon III et le général de Gaulle. Il ne faut pas mélanger politique salariale et Participation. Sans oublier que comme pour l’Intéressement, la Participation aux bénéfices est assortie de nombreux avantages fiscaux et sociaux favorables aux entreprises.

 

Monsieur Zemmour souhaite rendre obligatoire la Participation aux bénéfices obligatoire dès le seuil de onze salariés ce qui là aussi est une erreur qui ne tient pas compte de la réalité économique des TPE/PME et les difficultés quotidiennes rencontrées par les chefs de ces entreprises. A l’obligation nous préférons l’incitation tout en ne négligeant pas le développement des Plans d’Epargne Interentreprise.

 

La participation au capital et aux décisions, à l’heure où l’on parle de patriotisme économique, est aussi un des piliers du souverainisme, comme le soulignait notamment Philippe Seguin, car une entreprise dont tous les salariés sont actionnaires serait difficile à délocaliser. C’est pour cela que nous défendons le renforcement du poids des actionnaires salariés dans le capital des entreprises par l’édiction d’un seuil minimal obligatoire de 8 % pour les entreprises du CAC 40, dans un premier temps et qui sera étendu ensuite à l’ensemble des entreprises.

 

Défendre le principe de participation comme l’ont fait Louis-Napoléon Bonaparte, Michel Chevalier, Charles Robert, Frédéric Le Play puis après eux le général de Gaulle, Louis Vallon, René Capitant, c’est faire un véritable choix politique : celui de permettre une véritable transformation sociale de la société française.

 

Pour les bonapartistes et les gaullistes, la participation se doit d’être autre chose qu’un simple salaire différé. Réduire la participation à son seul versant financier ou lui préférer l’épargne salariale signifie l’abandon de l’ambition sociale de la participation, soucieuse d’établir de nouvelles relations entre le travail et le capital au sein des unités de production. Cette orientation strictement financière trouve dans le prisme politique actuel d’ardents défenseurs. D’autres, farouches opposants à la participation au nom de l’antagonisme structurel qu’ils affirment observer entre le capital et le travail, trouvent dans l’épargne salariale élaguée de son volet managérial la validation de la « duperie sociale » de la participation.

 

Cette approche économico-financière n’est assurément pas celle retenue par l’Appel au Peuple qui souhaite revenir à l’esprit originel tel que défini par Napoléon III et le Général de Gaulle.

Enfant du Comminges, dans les Pyrénées Centrales, j’ai cet amour pour les territoires qui au fil des siècles sont venus former notre belle France. Cette France que j’ai servi durant quelques années au sein des unités de l’Infanterie de Marine et par ce biais sur différents théâtres d’opérations et qui m’a donné ainsi une deuxième famille. Amoureux de notre Histoire mais surtout admirateur de l’œuvre de nos deux empereurs, loin de tous anachronismes, je défends leur mémoire mais aussi les valeurs qu’ils nous ont légué pour une certaine idée de la France grande, juste, respectée et généreuse. Cette Histoire, ces valeurs et cette mémoire qui doivent nous rendre fier d’être Français.