Tourner la page de la repentance : pour une mémoire lucide et assumée.

En déplacement à Madagascar, le président Macron n’a pas pu s’empêcher de parler, même si le mot n’a pas été prononcé, de repentance. Cela devient fatiguant.

Depuis plusieurs décennies, la France semble enfermée dans une forme de repentance permanente vis-à-vis de son passé colonial. Discours d’excuse, lois mémorielles, injonctions à “reconnaître” encore et toujours les fautes du passé : cette posture d’autoflagellation continue alimente une image affaiblie de la nation, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières.

Il ne s’agit pas ici de nier les souffrances, les injustices, ni les violences inhérentes à l’entreprise coloniale. Toute histoire comporte sa part d’ombre, et celle-ci doit être connue, enseignée et intégrée. Mais la repentance à outrance devient contre-productive lorsqu’elle fige la France dans une position de culpabilité éternelle, et qu’elle empêche tout regard équilibré sur l’Histoire.

Car la colonisation, dans sa complexité, ne se résume pas à une entreprise de domination brutale. Elle fut aussi — selon les lieux et les époques — le théâtre d’échanges, de constructions, de partages. Des infrastructures, des systèmes éducatifs, des cadres administratifs ont été implantés, et beaucoup d’anciennes colonies en ont hérité durablement. Cela ne justifie rien, mais cela mérite d’être dit. Replacer ces faits dans leur contexte, sans excès ni omission, c’est faire preuve de maturité historique.

La France ne peut avancer sereinement si elle continue à regarder son passé avec honte. Elle doit pouvoir en parler sans trembler, sans s’excuser à chaque détour, et sans redouter le procès permanent en illégitimité. Il est temps de tourner la page de la repentance, non pour oublier, mais pour construire une mémoire commune, apaisée, fière de ce qu’elle a été et confiante en ce qu’elle est.

Enfant du Comminges, dans les Pyrénées Centrales, j’ai cet amour pour les territoires qui au fil des siècles sont venus former notre belle France. Cette France que j’ai servi durant quelques années au sein des unités de l’Infanterie de Marine et par ce biais sur différents théâtres d’opérations et qui m’a donné ainsi une deuxième famille. Amoureux de notre Histoire mais surtout admirateur de l’œuvre de nos deux empereurs, loin de tous anachronismes, je défends leur mémoire mais aussi les valeurs qu’ils nous ont légué pour une certaine idée de la France grande, juste, respectée et généreuse. Cette Histoire, ces valeurs et cette mémoire qui doivent nous rendre fier d’être Français.