Alors que Donald Trump vient d’autoriser des entreprises américaines à forer dans les eaux internationales à proximité de l’ile de Clipperton, il est temps pour la France d’activer le grand projet de “France sur Mer”.
La France est la deuxième puissance maritime mondiale grâce à sa Zone Économique Exclusive (ZEE), et la première en superficie sous-marine. Présente sur tous les océans grâce à ses territoires d’outre-mer, elle est aussi le premier pays de suivi des fusées grâce à Kourou. Pourtant, ce potentiel reste largement sous-exploité. Il est temps de faire de la “France sur Mer” un axe structurant de notre souveraineté et de notre avenir.
La mer n’est pas seulement une frontière : c’est une promesse. Une promesse de richesses, de puissance, de rayonnement. C’est l’élément naturel qui prolonge notre territoire et fonde notre identité en tant que grande nation archipélagique. Dans un monde en recomposition, où les mers deviennent les nouveaux champs de confrontation et de compétition, il serait suicidaire de ne pas en faire un levier stratégique de reconquête.
Une stratégie de souveraineté maritime
La mer est un espace d’avenir. Inexploitable ou livré à des puissances étrangères, notre domaine maritime recèle des ressources indispensables à notre autonomie énergétique, industrielle, agricole et numérique. Face à la mondialisation dérégulée et aux contraintes de l’Union européenne, il est impératif de défendre une exception agriculturelle et maritime fondée sur l’intérêt national.
Le développement d’une puissance maritime intégrale suppose une vision à long terme, indépendante des dogmes marchands bruxellois. Il faut rompre avec la soumission aux traités qui empêchent toute politique industrielle ambitieuse et reprendre la main sur notre modèle agricole, notre alimentation, nos océans.
Propositions concrètes
- Énergies marines : libérer notre potentiel énergétique
- Développer l’hydrolien, l’houlomoteur et l’éolien flottant dans nos ZEE. Ces technologies nous permettraient de produire une énergie constante, locale, propre, en réduisant la dépendance au gaz et au nucléaire importé.
- Exploiter le gradient thermique des mers chaudes outre-mer : une technologie idéale pour la transition énergétique des DOM-TOM.
- Créer des fermes marines hybrides (solaire, éolien, courant) sur les littoraux de la métropole et des territoires ultramarins.
- Relocaliser les chaînes de production de ces technologies, du matériel au stockage, pour garantir une véritable autonomie stratégique.
- Algues et biotechnologies : un levier agricole et industriel
- Soutenir les cultures traditionnelles (Bretagne, Polynésie, Antilles, Réunion) et développer des fermes industrielles d’algues pour répondre à nos besoins alimentaires, pharmaceutiques et industriels.
- Valoriser les algues en tant que substitut protéique, fertilisant naturel, base de cosmiques et de médicaments.
- Accélérer les programmes de recherche sur les biocarburants d’origine algale et sur les biomatériaux biosourcés.
- Créer une filière complète de la mer à l’industrie, incluant transformation, commercialisation et export.
- Ressources minières sous-marines : vers une souveraineté minérale
- Cartographier de manière exhaustive nos grands fonds pour identifier les zones à fort potentiel en nodules polymétalliques, sulfures hydrothermaux et autres gisements.
- Créer une filière publique d’extraction contrôlée, avec normes environnementales strictes, pour assurer notre accès aux métaux critiques sans être tributaire de la Chine.
- Développer en France même la capacité de raffinage, transformation et stockage stratégique de ces ressources.
- Collaborer avec les territoires ultramarins comme têtes de pont de cette reconquête minérale.
- Numérique et surveillance maritime : sécuriser notre espace marin
- Investir massivement dans la surveillance de notre ZEE : satellites, drones marins, capteurs sous-marins, radars côtiers, pour contrer la pêche illégale, l’espionnage, les incursions hostiles.
- Renforcer la Marine nationale, la gendarmerie maritime et les capacités de présence permanente dans les DOM-TOM.
- Créer une agence nationale de la souveraineté océanique, chargée de la planification, la coordination et la protection de nos intérêts maritimes.
- Développer l’industrie française du drone sous-marin et des logiciels d’intelligence maritime.
- Développement des territoires d’outre-mer : ancrages stratégiques
- Mettre en place des HUBs maritimes régionaux dans chaque grande zone ultramarine (Caraïbes, Océan Indien, Pacifique, Atlantique Sud) pour structurer les échanges, soutenir la logistique, l’export, la recherche.
- Soutenir les forces économiques propres à chaque territoire : aquaculture en Nouvelle-Calédonie, tourisme scientifique à Mayotte, transformation de produits tropicaux à la Martinique, etc.
- Maintenir et développer les centres de recherche avancée dans les zones isolées : études sur les milieux extrêmes aux Kerguelen, station scientifique permanente sur Clipperton comme avant-poste de souveraineté et d’observation climatique.
- Intégrer pleinement les outre-mer dans la planification nationale maritime avec des coopérations renforcées avec les universités, les industries et les armées.
Conclusion
La France sur Mer doit être une ambition politique à part entière. Elle engage notre souveraineté énergétique, notre capacité à nourrir et soigner notre peuple, à protéger nos frontières invisibles et à être acteur des grands équilibres mondiaux. En refusant les logiques bruxelloises de dépendance, nous devons assumer notre destin archipélagique, à la fois européen et océanique, national et mondial.
La mer est notre avenir. Reprenons-en le contrôle.
Enfant du Comminges, dans les Pyrénées Centrales, j’ai cet amour pour les territoires qui au fil des siècles sont venus former notre belle France. Cette France que j’ai servi durant quelques années au sein des unités de l’Infanterie de Marine et par ce biais sur différents théâtres d’opérations et qui m’a donné ainsi une deuxième famille. Amoureux de notre Histoire mais surtout admirateur de l’œuvre de nos deux empereurs, loin de tous anachronismes, je défends leur mémoire mais aussi les valeurs qu’ils nous ont légué pour une certaine idée de la France grande, juste, respectée et généreuse. Cette Histoire, ces valeurs et cette mémoire qui doivent nous rendre fier d’être Français.