David Arveiller a publié un article, « Le souverainisme, une nouvelle catégorie au sein des droites ? » dans Causeur le 24 novembre 2020, qui avait retenu toute notre attention. Cet article est toujours aussi pertinent lorsqu’on regarde la situation dans laquelle se trouve la France.
Dans cet article, l’auteur a parfaitement raison d’évoquer la pertinence du bonapartisme au sein de la droite française actuelle même si le bonapartisme dépasse le clivage droite/gauche. Ce courant, fort bien détaillé par René Rémond, incarne le mieux possible le souverainisme sous tous ses aspects. Il ne se contente pas de positions relatives à la place de la France en Europe ou dans le monde. Il en tire les conclusions en défendant un Etat fort, ambitieux et indépendant, tout en s’appuyant sur l’appel au peuple, cet exercice de démocratie directe que certains prennent pour du populisme. Il a l’audace d’allier patriotisme et progrès social. En ce sens, le bonapartisme représente un avenir. Pas simplement pour la droite ou pour la gauche d’ailleurs mais pour la France.
Ce que les Français attendent, c’est bien un chef, non issu des partis classiques, capable de rassembler, d’aiguiller, de guider, apte à proposer, une ligne politique claire et souveraine. Cette voie, ce n’est pas au RN ou à Reconquête de l’incarner. La solution bien décrite par Causeur n’est pas seulement du souverainisme. Elle a un nom : le bonapartisme.
Ce week-end j’étais aux universités d’été de Front Populaire. Lors de celles-ci j’ai pu entendre Michel Onfray faire une comparaison faussée entre bonapartisme et gaullisme portant non pas sur des aspects de politique extérieure, sur des questions sociales mais sur la question démocratique et sur l’idée de l’homme providentiel …
Michel Onfray est sincère dans son approche gaulliste et ne se trompe pas en mettant en avant la souveraineté nationale, la Participation, la souveraineté populaire et je lui répondrai que mon attachement au bonapartisme se construit sur les mêmes valeurs. Là où par contre Michel Onfray se trompe, volontairement ou non, c’est dans son opposition entre l’homme providentiel qu’il imagine antidémocratique et ce qu’il appelle le peuple providentiel qui serait l’alpha et l’oméga du général de Gaulle.
Pour Michel Onfray, le général de Gaulle n’est pas l’homme providentiel pour la simple raison qu’il donne au Peuple le pouvoir d’être providentiel via l’élection du président de la République au suffrage universel et le référendum avec la preuve ultime du sens de providentialisme avec le référendum de 1969 qui voit le général s’effacer face à la victoire du non à la régionalisation, à la réorganisation du Sénat et à la Participation. Mais en cela Louis-Napoléon n’a rien à envier à Charles de Gaulle, lui qui fera aussi des Français le peuple providentiel sur le même critère du suffrage universel, tout d’abord en le réhabilitant puis en faisant appel au peuple à cinq reprises.
A cinq reprises le peuple français a répondu oui à Napoléon III … Si j’étais un esprit taquin j’irais jusqu’à dire que le peuple n’a jamais dit non à un Bonaparte contrairement à un de Gaulle car même Napoléon Ier n’a pas perdu une consultation populaire.
Napoléon, Louis-Napoléon et le général de Gaulle sont des hommes providentiels qui sont capables de parler à un peuple et de réveiller en lui la fierté, la grandeur et de lui faire accepter de regarder demain mais après, après, après demain.
En 1940 c’est un homme providentiel qui décide de dire non et qui petit à petit va réussir à entraîner un peuple qui est bien loin du peuple providentiel, partagé qu’il était entre collabos, attentistes et résistant. En 1958 s’il y a un peuple providentiel c’est peut-être celui d’Alger qui est le déclencheur humain du retour au pouvoir de Charles de Gaulle, la métropole sauf à de rares exceptions sera plus attentiste même si ensuite elle dit oui aux questions du général jusqu’au départ de 69. En cela le général de Gaulle est à l’image de Napoléon et de Louis-Napoléon qui seront les hommes providentiels de 1799 et 1848, l’un en sauvant les acquis de la Révolution et l’autre rassemblant une majorité écrasante autour de son nom empêchant le retour de la Monarchie.
Pour ma part, j’avance l’idée que démocratiquement rien ne sépare bonapartisme et gaullisme. Pour ma part je reconnais que même s’il est un grand peuple qui a su donner un élan à certaines causes, le peuple français s’est toujours retrouvé dans un homme ou une femme providentiel qui sont finalement peu nombreux dans notre histoire.
Mon interprétation n’est peut-être pas la bonne mais nous avons eu de très bons et très grands rois, nous avons eu et nous avons des personnages historiques de très grande envergure mais jamais ils ne furent providentiels comme l’ont été nos Empereurs et le général.
Vouloir voir le bonapartisme comme contraire au Peuple est une erreur communément commise dans l’opinion publique au sujet de la définition du Bonapartisme et que nous avons été étonnés d’entendre de la part d’un homme aussi cultivé que Michel Onfray. On peut ne pas aimer les Napoléon comme d’autres n’aiment pas de Gaulle mais il est compliqué de reprocher aux Bonaparte ce que l’on accepte chez le Général. Charles de Gaulle, tout comme Napoléon Ier et Napoléon III, fut un homme providentiel et son approche populaire Gaulliste fut identique à l’approche populaire Bonapartiste par le même appel au peuple que tous trois employèrent.
Enfant du Comminges, dans les Pyrénées Centrales, j’ai cet amour pour les territoires qui au fil des siècles sont venus former notre belle France. Cette France que j’ai servi durant quelques années au sein des unités de l’Infanterie de Marine et par ce biais sur différents théâtres d’opérations et qui m’a donné ainsi une deuxième famille. Amoureux de notre Histoire mais surtout admirateur de l’œuvre de nos deux empereurs, loin de tous anachronismes, je défends leur mémoire mais aussi les valeurs qu’ils nous ont légué pour une certaine idée de la France grande, juste, respectée et généreuse. Cette Histoire, ces valeurs et cette mémoire qui doivent nous rendre fier d’être Français.