Économie

Quelle politique économique mettre en oeuvre pour relever la France ?

Le rétablissement de l’économie française passe par la nécessaire mise en œuvre de nombreuses réformes structurelles tant il est vrai que dans notre monde, la puissance stratégique et politique d’un État n’est possible que si ce dernier dispose d’une véritable puissance économique. L’URSS l’a appris à ses dépens.

Première étape: une dévaluation

Préalablement à leur mise en œuvre, il est impératif de procéder à une dévaluation temporaire de notre monnaie.  De la zone euro entière, ou à défaut (ce qui arrivera probablement), de la France seule.

Contrairement à ce qui n’est pas assez précisé au sein des milieux favorables à une sortie de l’Euro, une monnaie faible n’est pas souhaitable pour une puissance prospère. Les pays riches (Suisses, Norvège, Singapour…) disposent d’une monnaie forte qui assure un bon niveau de vie, et le Général de Gaulle lui-même, était partisan d’un Franc fort. Néanmoins, lorsque la compétitivité d’un pays décroit, qu’il ne parvient plus à exporter ses produits et que des réformes structurelles s’avèrent nécessaires, une dévaluation temporaire permet de relancer les exportations en rendant nos produits à l’export moins chers. Elle crée artificiellement une forte croissance bienvenue pour adoucir les réformes structurelles impératives, mais lourdes pour les citoyens. Canada, Suède, Royaume-Uni… Les exemples de pays ayant fait précéder leurs réformes structurelles d’une ou plusieurs dévaluations ne manquent pas. C’est également ce que fit le gouvernement français en 1958 avant d’appliquer les mesures d’assainissement de l’économie préconisées par l’économiste Jacques Rueff. Il convient, par conséquent, de le marteler encore et encore : une dévaluation seule n’a aucun intérêt. Elle renchérit les importations et voit ses effets positifs s’estomper rapidement dans le temps.

Favoriser les gains de compétitivité, les investissements et l’innovation pour relancer nos exportations 

Nos dirigeants doivent mettre en œuvre des politiques favorisant les gains de compétitivité, les investissements et l’innovation et cesser de causer des regains artificiels de consommation (de voitures, de logements, etc.) par des subventions publiques dont la charge est laissée aux générations futures. Générations qui ne bénéficieront même pas des effets ! Tout doit être mis en œuvre pour une relance du commerce extérieur et la conquête de nouveaux marchés.

S’il convient d’être offensif, il faut, en outre, s’avoir nous défendre lorsque nos partenaires ne respectent pas les règles ou face à des pays adeptes de la concurrence déloyale. En matière de commerce extérieur, le principe de réciprocité doit être la norme. Il n’est, par exemple, plus admissible qu’en matière de marchés publics le taux d’ouverture européen soit de 90 % contre 32 % aux États-Unis, 28 % au Japon et de 0 % dans les « pays émergents ».

Baisser la dépense publique

Par ailleurs, il est impératif de baisser la dépense publique en modernisant les services de l’État (e-administration, reforme territoriale, réforme du Code du travail passé de 2005 à 2010 de 2632 à 3231 pages…) et en luttant contre les nombreux gaspillages (subventions d’associations inutiles, subventions à la presse, AME, activités en tout genre…). Lorsque l’argent manque, l’État, plutôt que d’hypothéquer l’avenir de nos enfants, doit recentrer ses domaines d’interventions dans des secteurs prioritaires : la Défense nationale, la diplomatie, la sécurité, la Justice, l’enseignement, la Santé, la recherche, la défense des secteurs industriels et technologiques stratégiques. Les dirigeants français, s’ils sont soucieux de l’intérêt national, doivent à tout prix garder à l’esprit une règle simple: en dehors des investissements qui bénéficieront aux générations futures et par respect pour ces dernières, un État ne doit pas avoir des dépenses supérieures à ces recettes. Coûte que coûte.

Revenir à des prélèvements obligatoires raisonnables

Toutefois, équilibrer les dépenses et les recettes ne doit plus conduire à une augmentation de ces dernières. Nos concitoyens ne le peuvent plus. Il faut, au contraire, mettre en œuvre une baisse des prélèvements obligatoires qui n’ont eu de cesse d’augmenter depuis plusieurs décennies au point de nuire à l’activité de notre pays. Valéry Giscard d’Estaing affirmait qu’« au-delà de 40% de prélèvements obligatoires (en proportion du PIB), nous basculerions dans le socialisme… ». Pourtant, sous son septennat, de 1974 à 1981, les prélèvements obligatoires sont passés de 33,5% du PIB à 39,4%. Le taux de prélèvements obligatoires était de 46,3% en 2013. Il convient de ne pas oublier que les dépenses publiques de relance du « keynésianisme » que nos dirigeants affectionnent tant ne doit être utilisé, selon Keynes lui-même qu’en période de crise, et seulement pour de l’investissement… Ce que nos dirigeants semblent avoir oublié…

Il est, néanmoins important de ne pas tomber dans les travers inverses et, conformément à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, de permettre à l’État de faire face aux dépenses collectives, notamment dans les domaines évoqués précédemment. L’État français doit faire cesser l’assistanat, mais doit conserver les moyens d’action lui permettant de renforcer la puissance de la France. En effet, contrairement à des Etats comme la Suisse ou la Nouvelle Zélande, la France à une politique de grandeur (défense, diplomatie, rayonnement culturel) à assumée. En résumé, un État puissant, et non pas un État impotent.

Relancer la participation

En pleine guerre froide, alors que s’affrontaient le capitalisme et le collectivisme, la France a voulu appliquer une troisième voie. Le collectivisme mène à la ruine, le capitalisme pur est le système le plus efficace, mais est facteur d’inégalités. Le gouvernement du Général de Gaulle choisit donc la « politique des revenus ». Mais cette dernière, sans être abandonnée, a largement été dénaturée. La France a aujourd’hui plus que jamais les moyens de relancer la Participation des salariés aux bénéfices des entreprises. Au deuxième trimestre 2014, c’est en effet en France que la rémunération distribuée aux actionnaires a connu la plus forte hausse, avec 40,7 milliards de dollars distribués (+ 30,3 %), ce qui en fait le plus important payeur de dividendes en Europe, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni. La relance de la politique des revenus serait de favoriser la participation des salariés à cette manne.

Le contrat de Participation

Il faut faire la distinction entre les investisseurs et les rentiers et veiller à ne pas surtaxer le capital qui est nécessaire à l’investissement. Il serait donc judicieux de favoriser les investissements Français dans les entreprises Françaises plutôt que de laisser les investissements étrangers (Chinois, Qataris, etc.) prospérer en France. Mieux vaut des palaces et des clubs de foot rachetés par des millionnaires Français plutôt que par des milliardaires Saoudiens.

C’est pourquoi il convient d’atténuer la frontière entre capital et travail en instaurant une véritable participation bonapartiste qui permettra aux travailleurs de se constituer un véritable capital.

Le Progrès Économique pour tous = le Contrat de Participation. Il est vital de réconcilier les entrepreneurs avec les salariés, qui partagent en réalité les mêmes intérêts.

  • Favoriser le développement des associations d’actionnaires salariés: Promouvoir dans un premier temps les associations d’actionnaires salariés et les doter d’un statut propre dans l’entreprise leur donnant droit à siéger dans les instances de décision avec voix délibérative. Puis ouvrir ces associations aux apports extérieurs pour renforcer leur poids. Grâce à une forme d’épargne populaire.
  • Faciliter l’accès des actionnaires salariés aux prises de décisions en introduisant un mécanisme puissant d’accélération de leur représentation,
  • Répondre à la dimension géopolitique de l’extension des fonds de pension anglo-saxons et à leur rôle néfaste sur l’économie et la politique de l’entreprise.

La France a aujourd’hui plus que jamais les moyens de relancer la participation bonapartiste des salariés aux bénéfices des entreprises. Il conviendra en parallèle de faciliter l’accès des actionnaires salariés aux prises de décisions en introduisant un mécanisme puissant d’accélération de leur représentation.

Relancer l’embauche : responsabilisation et lutte contre la précarité

Il convient, en outre, de trouver une troisième voie également entre chômage de masse ou emplois précaires. Pourquoi ne pas imaginer, plutôt qu’une prise en charge à 100% du chômage par la puissance publique, un abaissement du SMIC (ce qui relancerait l’embauche) compensé par des aides de l’État pour éviter toute précarisation des salariés. Vaut-il mieux un chômeur recevant une allocation de 1100 euros, ou un smicard payé 800 euros par son employeur et touchant 300 euros de l’État en compensation ? Bien sûr, il faudra limiter le nombre de salariés concernés dans chaque entreprise pour éviter que ces dernières n’en profitent pour effectuer une bonne opération. Que ce système ne soit valable que pour les nouvelles embauches ayant suivi l’entrée en vigueur de cette loi par exemple. Tout système est imparfait, mais celui-ci a pour mérite de relancer le chômeur sur le marché du travail et de lui éviter la précarisation.

En définitive, il convient de cesser ces combats stériles entre libéralisme, sociale démocratie, socialisme, social libéralisme, démocratie libérale, protectionnisme, etc. Il est au contraire nécessaire de respecter un certain nombre de principes de bon sens : instauration du principe de réciprocité en matière de commerce extérieur, adoption d’une monnaie conforme à notre économie, équilibrage des dépenses et des recettes afin d’épargner les générations futures, avec pour seules exceptions les investissements qui leur bénéficieront (et bien entendu les budgets en tant de guerres), modernisation de l’État, libérer l’entrepreneuriat et mise en œuvre d’une politique des revenus plutôt que d’une politique de l’assistanat.

Avec toute l’autorité nécessaire et un engagement résolu :

Retrouver les 3 millions d’emplois d’industriels perdus par 30 années d’apathie, d’incompétence et de démagogie.

  • En relançant les industries où nous conservons des compétences: matériels de transport ferroviaires, automobiles, aériens, mais aussi le nucléaire en préparant l’énergie de la fusion, sans oublier les industries de l’armement et de l’espace dont les applications civiles sont énormes.
  • S’appuyer sur nos atouts naturels par une gestion de développement durable: les Forêts, l’immense littoral de France-sur-Mer, nos capacités agro-alimentaires…
  • Envisager avec une volonté forte notre positionnement parmi les meilleurs de la 3ème Révolution Industrielle, celle du numérique et de l’Intelligence Artificielle.
  • En s’appuyant sur un dialogue social retrouvé grâce à la participation étendue (voir paragraphe participation), au SMIC évolutif selon les résultats des entreprises mais avec un seuil incompressible, et au contrôle des salaires des dirigeants de sociétés d’état ou bénéficiant de commandes d’état.
  • En protégeant notre marché en instituant une TVA sociale destinée à rééquilibrer la balance commerciale trop souvent soumise à la concurrence déloyale du dumping social.
  • En protégeant nos savoir-faire technologiques par des nationalisations temporaires, des commandes d’état pour les secteurs stratégiques (militaire, médical)
  • En assurant la renaissance d’un Nouveau Commissariat Général au Plan véritable institut de coordination, qui contrôlera une planification quinquennale issue d’études prospectives à 20 où 25 ans, qui soutiendra les demandes d’aide financière, qui appuiera techniquement les industries du numérique.
  • En soutenant tout effort de relocalisation -en finançant cette reindustrialisation notamment par l’émission d’un emprunt qui fera des Français les créanciers de leur pays.