Écologie

  • Relancer notre industrie nucléaire comme pilier de la lutte contre le réchauffement climatique
  • Soutenir la recherche pour l’énergie Hydrogène (pile à combustible) et pour maîtriser la fusion de la matière (ITER)
  • S’appuyer sur France-sur-Mer pour développer notre domaine maritime afin de trouver des solutions environnementale (eau, algues, énergie éolienne, hydroliennes et marée motrice…)

Le Nucléaire, écologique ? oui, et c’est logique !

La démographie mondiale est en train d’exploser et nous serons sans doute 10 milliards de terriens avant 2050. Les grands problèmes écologiques sont déjà là avec les difficultés d’approvisionnement en eau dans les régions les plus exposées au réchauffement climatique, avec aussi des besoins croissants en alimentation et en énergie.

Pour l’énergie, il faut partir d’une vision globale des besoins mondiaux en rejetant la solution de la décroissance qui résulte d’une des nombreuses manipulations des écolos-dogmatiques. Les terriens seront de plus en plus nombreux et aspireront à plus de confort, plus de transports, plus de santé, plus de production numérique ou manufacturière. C’est aussi évident qu’une suite arithmétique, la population augmentant, les besoins augmenteront. N’en déplaise à Yannick Jadot et à ses petits copains d’EELV.

La décroissance n’est qu’une idée de nantis refermés sur eux-mêmes.

Dans ce cadre l’énergie nucléaire bénéficie enfin d’une évolution du débat. Les manipulations des écolos-dogmatiques font de moins en moins d’adeptes et les politiques s’intéressent enfin au problème en faisant appel aux scientifiques et aux techniciens pour avoir une information différente de celle de la CRIIRAD (commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité). Le qualificatif « indépendante » fait sourire car la CRIIRAD n’est, après tout, qu’un groupe partisan de type association loi de 1901. Autre manipulation.

Nous sommes en train de vivre un tournant dans le débat sur la demande en énergie permanente, la moins polluante possible et de grosse production. La Chine, les Etats-Unis, l’Inde, le Brésil, la Russie, la Grande-Bretagne et bien d’autres, sur tous les continents, ont d’ores et déjà choisi de relancer leur industrie nucléaire.

De fait, la production d’électricité à partir de la fission nucléaire, et en attendant la maîtrise de la fusion, se présente comme la meilleure solution écologique et cet article va le démontrer.

D’abord, parce qu’aucune autre production électrique ne peut répondre aux énormes besoins mondiaux.

Ensuite, parce que l’énergie nucléaire est la moins polluante quand elle est correctement maîtrisée. Si l’on retient comme définition de l’écologie la recherche d’un équilibre et d’une protection entre les êtres et leur environnement, alors oui le nucléaire est une énergie écologique.

Malheureusement la France qui fut de 1985 à 2015 le champion mondial de cette énergie a vu ensuite son industrie nucléaire sacrifiée par incompétence, couardise et démagogie. Souhaitons qu’elle ne rate pas les prochains rendez-vous technologiques…

Aucune autre énergie ne peut satisfaire la demande sans pollution majeure

Certes il existe incontestablement une production électrique très écologique mais elle ne peut satisfaire la demande en raison des limites naturelles à son développement ou de son manque de fiabilité.

La production électrique à partir des barrages hydrauliques et des usines marée-motrices ont l’inconvénient d’être limitées par la rareté des sites naturels. Ainsi l’Italie et la France, champions européens de la production d’électricité d’origine hydraulique sont pratiquement arrivées à la saturation de leurs réseaux. Au mieux cette production ne pourra satisfaire en France que 14% de la demande en électricité.

Quant aux énergies prétendues renouvelables, l’éolien et le solaire, elles ne sont pas complètement fiables puisque soumises aux aléas climatiques. Aujourd’hui l’Allemagne peine à produire 20% de ses besoins malgré la mise en place d’innombrables éoliennes avec la pollution visuelle qu’elles impliquent. Il y a bien les hydroliennes maritimes ou sous-marines mais elles ne peuvent assurer qu’une production localisée au littoral, et tous les gens de mer connaissent bien le coût d’entretien de tels mécanismes pour remédier à leur fatigue et surtout leur corrosion en milieu marin.

Or nous avons une demande croissante de la part des grands pays industriels ou des pays émergents en matière de production industrielle et de transport, en matière d’infrastructure sanitaire ou éducative, sans oublier la sécurité des populations et la défense des territoires.

Certains, de moins en moins nombreux, ont décidé d’adopter l’attitude hypocrite et irresponsable de l’Allemagne totalement soumise à un électorat minoritaire d’écolos-dogmatiques. L’Allemagne décida unilatéralement, au moment du Tsunami de Fukushima en 2011, d’arrêter ces réacteurs nucléaires… Outre le fait qu’elle doit avoir encore aujourd’hui 7 à 8 réacteurs nucléaires qui tournent à plein rendement, l’Allemagne a réouvert ses centrales à charbon promettant de trouver très vite le moyen de les rendre moins polluantes. 10 ans plus tard l’Allemagne n’a toujours pas trouvé de solutions mais pollue allègrement la moitié de l’Europe sans s’intéresser à la multiplication avérée des maladies des systèmes respiratoires et nerveux des hommes et des animaux. Qu’importe l’Allemagne continue, sans vergogne, à donner des leçons d’écologie alors qu’elle est devenue un des principaux contributeurs au réchauffement climatique. Encore une manipulation. Par ailleurs quand le vent ne souffle plus et en hiver, l’Allemagne n’hésite pas à récupérer de l’électricité française d’origine nucléaire.

Les autres contributeurs du réchauffement climatique sont la Chine et les Etats-Unis qui avouent que tant qu’ils n’auront pas développé un réseau permettant de doubler le nombre de leurs centrales nucléaires, ils seront obligés d’utiliser pour produire de l’électricité ces combustibles fossiles que sont le charbon, le gaz naturel et le pétrole… L’utilisation de ces combustibles fossiles correspond à l’émission de milliards de m3 de dioxyde de carbone dans l’atmosphère, provoquant un effet de serre à l’origine du réchauffement climatique, personne ne l’ignore…

En choisissant de manière rationnelle d’accroître leurs productions nucléaires la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, la Russie, le Brésil, le Royaume Uni, la Pologne, l’Afrique du Sud et bien d’autres encore, vont faire bénéficier d’électricité d’origine nucléaire la moitié de la population mondiale.

L’énergie d’origine nucléaire est la moins polluante puisque décarbonée et parce que la gestion des déchets est maîtrisable

Avant de reprendre le débat, il faut s’assurer que chacun ait compris la production d’électricité par une énergie d’origine nucléaire.

Cela consiste à casser des noyaux d’uranium. Cette fission de l’uranium est provoquée par collision d’un neutron avec un noyau, ce qui libère d’autres neutrons qui vont casser d’autres noyaux et ainsi de suite.

C’est la réaction en chaîne qui produit une énorme montée de température. La chaleur obtenue, à partir de circuits parfaitement étanches, fait évaporer l’eau provenant de la mer ou des fleuves acheminée dans des circuits séparés et tout aussi étanches.  La vapeur ainsi obtenue fait tourner une turbine qui est reliée à un alternateur qui produit l’électricité. Ce n’est pas très compliqué mais des technologies très particulières doivent être mises en œuvre pour assurer à la fois la maîtrise de la réaction en chaîne et donc de l’élévation de température dans le réacteur, et la sûreté des opérations. Car la fission des noyaux d’uranium entraîne un rayonnement dangereux ainsi que la contamination des équipements et des locaux par des poussières radioactives, la contamination qui peut polluer les zones de travail, les outils, les vêtements…

Pour se protéger du rayonnement il faut des écrans, des blindages radiologiques, pour se garantir d’une propagation des poussières radioactives, il faut des procédures très rigoureuses d’intervention et des techniques de décontamination.

La France maîtrise parfaitement depuis 50 ans toutes ces technologies. Ainsi notre industrie nucléaire n’a connu qu’un décès direct en 1994 par explosion d’un réacteur d’essai à Cadarache.

The Lancet Revue a récemment démontré que les accidents mortels de l’industrie nucléaire mondiale sont 4 fois moins nombreux que pour l’éolien, 900 fois moins nombreux que pour le pétrole et 2500 fois moins nombreux que pour le charbon.

A ce jour en avril 2021, dans la population locale, on ne compte à Fukushima aucun décès direct dû à l’accident nucléaire. Les 22 000 morts de Fukushima sont dus en réalité aux effets mécaniques, aux noyades et à l’ensevelissement résultant du seul tsunami. Bien peu de médias osent le rappeler.

Quand il est maîtrisé, le risque nucléaire ne correspond nullement au niveau de dangerosité évoqué par les écolos-dogmatiques.

L’énergie nucléaire est aussi une énergie décarbonée, c’est-à-dire qu’elle n’émet pas de dioxyde de carbone. Elle ne contribue donc nullement à l’effet de serre. Bien au contraire son développement permet de ralentir le réchauffement climatique.

C’est alors incontestablement une énergie écologique puisqu’elle participe à la protection des êtres et de l’environnement.

Mais ce n’est pas tout, c’est aussi une énergie renouvelable et, à ce titre donc doublement écologique.

En effet, et la France fut encore pionnière en la matière, il est possible de recycler 96% du volume des combustibles après leur utilisation. Ces « déchets très radioactifs » pour reprendre l’expression des opposants au nucléaire, sont traités à La Hague dans notre Cotentin. Le traitement permet de récupérer de l’uranium tout neuf et du plutonium qui deviennent recyclables. Finalement 4 à 5 % du volume avant traitement peuvent être véritablement considérés comme déchets.

Quelle industrie peut atteindre ce niveau de performance écologique ?

Dans le monde, seules nos installations de La Hague sont parvenues depuis 40 ans à un niveau de traitement à un rythme industriel des combustibles usés. On peut parler d’excellence écologique puisque ce recyclage fut réalisé dans un respect rigoureux des obligations environnementales de cette magnifique usine qui généra jusqu’ à 12 000 emplois industriels directs.

Cette double compétence écologique embarrassa évidemment les écolos-dogmatiques. Ils décidèrent et réussirent à faire condamner le retraitement de La Hague par des manipulations médiatiques. Certaines poussèrent à utiliser des bénévoles bien crédules et prêts à s’enchaîner dangereusement sur les voies ferrées utilisées par les transports nucléaires. D’autres à employer des mercenaires venus des Pays-Bas et d’Allemagne (tiens, tiens…) pour bloquer les transports maritimes. M. Yannick Jadot était alors un des responsables de GreenPeace.

L’escroquerie la plus réussie par les écolos-dogmatiques fut d’accuser le traitement à La Hague de produire du Plutonium. Oh le vilain mot, paralysant toute volonté d’en savoir plus dans les médias et chez nombre de nos politiques. Cette stratégie poussait également à confondre armement militaire et traitement des combustibles usés alors que les deux techniques sont totalement différentes.

C’était à nouveau une belle escroquerie intellectuelle parce que ce plutonium issu de La Hague était recyclé lui aussi dans un combustible très performant pour nos centrales, le MOX (mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium). Faute d’investigation de la part de certains médias, faute de courage politique chez nos gouvernants, faute aussi de réaction énergique des dirigeants de cette industrie, les clients de La Hague commencèrent à se retirer de cette aventure industrielle à commencer par les électriciens Allemands, les plus gros clients après EDF.

Le sommet de la bêtise fut atteint lorsque M. Jospin, premier ministre, M. Strauss-Kahn, ministre de l’industrie et la ministre écolo-dogmatique de l’environnement décidèrent la fermeture de SuperPhénix en 1998, un réacteur de surgénération, autre filière d’excellence développée par la France. Il y avait certes des problèmes techniques dans cette technologie qui en était encore à ses premiers développements.

Mais Superphénix avait également une vocation expérimentale. Ainsi la surgénération permettait une fission extrêmement rapide liée à l’irradiation. Au fur et à mesure de l’utilisation du combustible on recréait de la matière fissile. Cette réutilisation de la matière dans le réacteur limitait considérablement les déchets.

Encore une technologie bien écologique. Encore une manipulation des opposants au nucléaire.

Mais finalement, grâce au traitement des combustibles usés, du recyclage de l’uranium et du plutonium, les volumes de résidus ultimes sont véritablement minimes.

Les déchets nucléaires peuvent être de faible, de moyenne ou de haute activité. Les déchets de faible ou moyenne activité, dont certains proviennent tout simplement du milieu hospitalier, sont gérés très simplement.

Ceux de haute activité, à vie longue, sont plus problématiques. Ils nécessitent d’être noyés dans une matrice de verre puis placés dans des emballages étanches et très résistants, enfin d’être enfouis dans des zones géologiques de profondeur qui constituent une ultime barrière.

Cependant pour 40 ans de production d’électricité nucléaire, le volume des résidus ultimes de haute activité correspond à la surface de deux terrains de rugby sur une hauteur de 1m20. A comparer avec les milliards de m3 produits chaque mois par les centrales à charbon.

Même dans la gestion de ses déchets nucléaire la France a adopté les solutions les plus écologiques.

Championne du monde, aujourd’hui rattrapée, la France doit rester dans le peloton de tête

La France est pour peu de temps encore, le pays dont le réseau de centrales nucléaires est le plus dense du monde. Les Etats-Unis ont 99 réacteurs, nous en avons 56. Rapportés au nombre d’habitants, il y a donc un réacteur nucléaire pour 3,5 millions d’habitants aux Etats-Unis et un réacteur nucléaire pour 1,2 millions d’habitants en France. Notre industrie nucléaire fournit toujours 220 000 emplois de haute technicité à tous les niveaux et dans un respect permanent de l’homme et de son environnement. Les taux d’accident du travail dans cette industrie sont les plus bas au monde tant la sécurité fait partie de la cuture des travailleurs du nucléaire.

La France sait tout faire : construction des centrales nucléaires, fabrication de tous les types de combustibles, traitement et recyclage des combustibles usés, gestion et stockage des déchets, fabrication des emballages les plus performants au monde, logistique de la matière nucléaire, exploitation de ses parcs ferroviaires, routiers et maritimes et conception de véhicules de transport adaptés… Elle le fit toujours dans un souci d’excellence industrielle qui passe obligatoirement par un respect des plus rigoureux de l’environnement.

Malheureusement, le nucléaire français a été sacrifié durant ces 20 dernières années.

Sacrifié à des écolos-dogmatiques, par une gauche ignorante et démagogique qui ne sait plus défendre l’industrie nationale. Sacrifiée par une droite couarde et incompétente.

C’est Laurent Fabius et Ségolène Royal versant des larmes à la fin de la COP 21 où pendant des jours et des nuits on parla de l’énergie sans évoquer le nucléaire. Le traité de Paris sans nucléaire, en fait, tous les pays industriels s’en foutent aujourd’hui. Les prochains sommets ne pourront s’abstenir de parler du nucléaire comme le firent pendant quatre heures en juillet 2013, Delphine Batho, ministre de l’environnement et son homologue allemand, face à un auditoire d’industriels de l’énergie (l’auteur y était).

C’est François Hollande qui pour gagner un électorat d’écolos-dogmatiques, s’engagea sans explication rationnelle à porter la part du nucléaire français à 50% de la production d’électricité, décourageant les jeunes ingénieurs et techniciens à s’engager dans une filière qui n’était plus soutenue par l’Etat.

C’est la politique en zigzag du Président Macron qui ferme Fessenheim pour déclarer 15 jours après qu’il faut impérativement relancer notre filière nucléaire.

Une belle Kollaboration avec l’Allemagne qui ne peut que se réjouir de l’effondrement d’un fleuron de notre industrie. Un beau cadeau, non pas à l’humanité, mais à nos concurrents du monde entier.

L’Histoire jugera de cette trahison des travailleurs, de cette politique mensongère, manipulatrice entretenue par des irresponsables aussi ignorants qu’incompétents.

Le mix énergétique n’est toutefois pas une mauvaise idée mais il ne doit pas imposer le sacrifice d’une industrie d’excellence qui apporta richesses, emplois et prestige à notre pays. Au lieu d’imposer 50% de nucléaire, il faut raisonner un peu.

Dans une politique écologique, on refusera l’utilisation des combustibles fossiles pour la production d’électricité.  Il restera alors 14% pour l’hydraulique, le maximum possible nous l’avons vu, 20% pour le solaire, l’éolien, l’hydrolien (même l’Allemagne a du mal à y parvenir).

Cela signifie que la part du nucléaire en France ne peut descendre en dessous de 66%

Conclusion

Il est vain, égoïste et bien naïf de croire qu’on peut limiter nos besoins énergétiques mondiaux. D’abord en raison d’une démographie galopante, ensuite parce que les nations qui parviennent à un niveau de vie amélioré aspirent forcément à plus de confort, plus de mobilité et plus de sécurité.

Or l’énergie c’est ce qui fait fonctionner les usines, les ordinateurs, les transports, les hôpitaux, les écoles. C’est ce qui assure la sécurité des citoyens et, pour nous Français, c’est ce qui assure notre indépendance aussi.

Plusieurs sources énergétiques sont possibles. La France qui se veut exemplaire au niveau de la protection de l’environnement ne peut s’abstenir d’une politique véritablement écologique.

Elle ne doit pas, contrairement à l’Allemagne, s’engager dans une pollution épouvantable de son territoire et de ses voisins en utilisant une énergie d’origine fossile.

Elle sait que les énergies dites renouvelables ont le défaut de leurs intermittences naturelles.

Elle a habilement joué la carte de l’hydraulique mais ne peut que difficilement mieux faire.

Il lui reste le nucléaire. Ca tombe bien, c’est écologique et c’est renouvelable !

 

L’hydrogène pour énergie ? Oui, mais…

Entre deux critiques des forces de l’ordre, entre quelques phrases déconstructrices de notre Histoire, entre ses désobligeantes affirmations sur les peuplades gauloises, il arrive que notre Président ait des moments de lucidité.

Serait-ce le cas quand il décide d’affecter un budget de 7 milliards d’€ au développement de l’hydrogène pour la production d’énergie électrique ?

L’Allemagne et l’Espagne adoptent une attitude identique qui finalement se retrouve aussi au niveau de l’Union Européenne…

Si les hauts fonctionnaires de Bruxelles s’intéressent à cette énergie, alors la méfiance s’empare de nos esprits. Que nous préparent-ils à présent ?

Posons-nous plutôt intelligemment les bonnes questions sur l’utilisation de l’hydrogène comme producteur d’énergie à l’instar de l’ingénieur Maxence Cordiez du Commissariat à l’Energie Atomique en conseillant avec sagesse « d’éviter de tomber dans le manichéisme quand il s’agit d’énergie… ».

La production d’hydrogène est-elle complexe ? Quels sont les inconvénients pour transformer l’hydrogène en électricité ? Quelles sont les perspectives réelles de cette énergie ?

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L’hydrogène est depuis longtemps utilisé comme carburant. C’est un combustible connu et employé notamment pour les fusées. D’ailleurs les scientifiques français, pionniers de la conquête spatiale, l’utilisent depuis bien plus de 60 ans.

Air Liquide, un des derniers fleurons de notre industrie, mais hélas de moins en moins Français avec 50% d’actionnaires étrangers, est un des plus gros producteurs mondiaux d’hydrogène. L’entreprise parie en effet sur l’hydrogène pour remplacer les carburants d’origine fossiles et tout particulièrement le charbon. Aujourd’hui un million de tonnes d’hydrogène sont utilisées en France pour le raffinage du pétrole, la fabrication d’engrais, la chimie et la métallurgie.

Ce combustible ne peut être négligé non plus au moment où Airbus dévoile son plan de développement pour rendre opérationnels en 2035 des aéronefs moyens courriers.

Les deux procédés de fabrication de l’hydrogène sont assez simples à comprendre.

  • Par vaporeformage. Il s’agit de chauffer du gaz naturel (du méthane) avec de la vapeur d’eau à très haute température. On parvient alors à séparer les atomes d’hydrogène des atomes de carbone du méthane. Le résultat primaire de cette dissociation est donc de produire de l’hydrogène mais aussi du monoxyde de carbone et malheureusement une réaction parallèle se produit conduisant à la formation de dioxyde de carbone. C’est de l’oxyde de carbone sous forme gazeuse.

Or les particules de dioxyde de carbone sont des obstacles gazeux au rayonnement infra-rouge dû à la radiation solaire comme à l’activité humaine. Ils empêchent la dispersion de ce rayonnement dans l’espace en créant cet effet de serre qui contribue fortement au réchauffement climatique.

L’inconvénient est d’ailleurs double. L’extraction, le transport et l’utilisation du méthane créent des émissions de dioxyde de carbone tout comme la fabrication d’hydrogène à partir du gaz naturel. Procédé anti écologique, le vaporeformage reste cependant le moyen le moins onéreux pour produire de l’hydrogène…

  • Par électrolyse. Un procédé très simple qui doit être encore enseigné dans les cours de physique des établissements secondaires.

On envoie un courant électrique dans de l’eau par deux électrodes. L’anode (charge positive) produit de l’oxygène et la cathode (charge négative) produit de l’hydrogène sous forme gazeuse le dihydrogène. Ce procédé est cependant très grand consommateur d’électricité.

Jusqu’à présent il nécessitait une eau pure pour limiter l’effet de corrosion des électrodes ce qui est aussi un inconvénient avec la nécessité écologique de préserver les quantités disponibles d’eau pure. Cependant le problème ne se pose plus avec le développement de nouveaux revêtements métalliques sur les électrodes.

Avec l’hydrogène on peut produire de l’électricité par un procédé d’electrolyse inversée.

En injectant de l’hydrogène dans un réacteur qui utilise l’oxygène de l’air et grâce à un catalyseur qui va accélérer la réaction chimique, les molécules se décomposent en libérant des électrons qui créent un courant électrique, puis se recombinant pour donner de l’eau.

C’est le principe de la pile à combustible.

Il existe déjà un puissant électrolyseur de 20 MW au Québec. La France et l’Allemagne projettent aussi de construire chacune des électrolyseurs de 100 MW.

Désormais les impératifs écologiques imposent une production électrique émettant aussi peu que possible de dioxyde de carbone. Seuls le nucléaire et les énergies dites renouvelables permettent de répondre à cette obligation. Les énergies solaire et éolienne ne pouvant garantir une permanence de la production d’électricité, l’Allemagne se retrouve en situation d’infériorité par rapport à la France qui profite d’une production d’éléctricité écologique et meilleure marché.

C’est, n’en doutons pas, une raison supplémentaire pour le gouvernement allemand de combattre l’industrie nucléaire française.

Certes on peut sans trop de difficulté décarbonner les opérations de vaporeformarge notamment et encore grâce à l’énergie nucléaire. Cependant au moment de la création d’hydrogène, il y aura toujours émission de dioxyde de carbone.

De plus des simulations ont démontré les besoins gigantesques en électricité pour y parvenir. Ainsi pour produire l’hydrogène qui permettrait de remplacer les 7 millions de tonnes de kérozène utilisées par les moyens courriers français en 2019, la production électrique de la moitié de notre parc nucléaire serait nécessaire pour les opérations de vaporeformage. C’est évidemment impensable.

Le procédé par élctrolyse semble plus facile à mettre en oeuvre et surtout plus écologique mais son coût est 6 fois supérieur au vaporeformage. C’est cependant un procédé décarbonné et disponible en permanence si on utilise l’électricité d’origine nucléaire.

Par ailleurs l’hydrogène pose un problème de conteneur encore difficile à résoudre.

Si on reprend à nouveau la comparaison hydrogène/kérozène, on constate que pour une même mission aérienne la masse d’hydrogène est égale à un tiers de la masse de kérozène. Malheureusement la très faible densité volumique de l’hydrogène implique un format de réservoir 4 fois plus gros.

Ce constat révèle bien les difficultés qui apparaissent pour développer des conditions de stockage de l’hydrogène.

C’est pourquoi les perspectives les plus réalistes d’utilisation de l’hydrogène comme carburant pour les transports aériens ou routiers restent encore limitées à des aéronefs de format réduit et à des autonomies limitées pour les automobiles. Elles semblent bien plus rapidement réalisables pour les vecteurs ferroviaires ou maritimes.

Chez Airbus, les équipes R et D (Recherche et Développement) considèrent avec optimisme que l’hydrogène se situe actuellement au même stade que le pétrole au moment des débuts de l’aviation.

Si Airbus réussit son pari, les vols commerciaux utilisant de l’hydrogène seraient envisageables dans moins de 15 ans.

La science peut répondre au défit d’une production décarbonnée comme aux problème du stockage de l’hydrogène, la France ne doit pas rater cette opportunité qui contribuera à la renaissance de ses capacités industrielles.

La France dispose de deux atouts majeurs si l’Etat s’adresse à notre expertise industrielle :

Un énorme potentiel en eau avec son vaste littoral, le deuxième mondial et ses capacités de désalination de l’eau de mer notamment grâce à l’energie solaire dans ses territoires ultramarins, et à son parc nucléaire métropolitain.
Une capacité en production d’électricité décarbonnée et bon marché encore une fois garantie par sa puissante industrie nucléaire. N’en déplaise aux écolos dogmatiques.

Deux atouts dont l’industrie allemande est privée.

François HARARI