A l’heure où beaucoup souhaitent voir l’Etat faire des économies, il faut peut-être revenir à certains fondamentaux et éviter de créer des “points de dépenses” supplémentaires voir même en supprimer certains. Revenir sur la décentralisation des “copains” est une option à ne pas négliger comme le dit notre ami Paul Lenglé.
Depuis plus de quarante ans, la France s’est engagée dans un vaste mouvement de décentralisation. Sur le papier, cette dynamique visait à rapprocher les centres de décision du citoyen, à adapter l’action publique aux réalités locales, à dynamiser la démocratie territoriale. Mais aujourd’hui, force est de constater que ce modèle a atteint ses limites.
Nous sommes désormais enfermés dans un “millefeuille territorial” opaque, où les responsabilités sont diluées, les compétences chevauchées, les financements imbriqués. Région, département, intercommunalité, commune : à chaque niveau, une strate administrative, un budget, des élus, des doublons. Le citoyen ne sait plus à qui s’adresser ; l’élu lui-même ne sait plus toujours qui fait quoi. Il est temps d’oser revenir à une organisation territoriale plus simple, plus efficace, plus lisible.
L’échec de la réforme Hollande : des baronnies au lieu de régions
La réforme territoriale de 2015, initiée sous la présidence de François Hollande, devait créer des régions plus fortes, plus compétitives, capables de se projeter à l’échelle européenne. Elle a surtout abouti à des entités technocratiques, parfois artificielles, qui peinent à incarner un projet territorial cohérent.
Pire : cette réforme a nourri l’illusion de petits États dans l’État. Certains présidents de région finissent par se comporter comme des chefs d’exécutifs autonomes, oubliant qu’ils s’inscrivent dans un cadre républicain national. Cette dérive brouille les repères institutionnels et renforce une forme de compétition politique stérile entre niveaux de pouvoir.
Un coût démocratique… et financier
Au-delà de la confusion administrative, la décentralisation excessive a un coût, que l’on ne peut plus ignorer. Multiplication des cabinets, budgets de communication démesurés, financements croisés illisibles, projets redondants ou gadgets… Les exemples de gabegies financières abondent. Certaines collectivités financent des compétences qu’elles n’ont pas, d’autres dépensent sans coordination avec les autres niveaux, et toujours avec l’argent du contribuable, qui, lui, voit rarement de bénéfices concrets.
Cette opacité budgétaire alimente la défiance, nuit à l’efficacité de la dépense publique, et détourne des ressources précieuses qui pourraient être mobilisées là où elles sont réellement utiles.
Revenir au triptyque clair : État – Département – Commune
Il est temps de clarifier l’architecture territoriale de notre pays, en la recentrant autour de trois niveaux qui ont fait leurs preuves :
- L’État, garant de l’unité nationale, de l’intérêt général, de l’égalité des territoires.
- Le Département, échelon de proximité, enraciné dans l’histoire administrative française.
- La Commune, cellule démocratique fondamentale, où s’exerce la citoyenneté au quotidien.
Dans ce modèle, les Régions n’ont plus lieu d’être en tant qu’entités autonomes. Leurs fonctions stratégiques peuvent être transférées à un État déconcentré, disposant de services régionaux renforcés, capables de piloter les grandes politiques publiques à l’échelle adéquate, sans multiplier les exécutifs concurrents.
Une simplification au service de l’efficacité
Ce n’est pas une recentralisation autoritaire que nous proposons. C’est une rationalisation lucide, une réorganisation qui vise à remettre de la cohérence dans l’action publique. Aujourd’hui, l’éparpillement des compétences et la confusion des responsabilités sapent l’efficacité de l’État comme des collectivités. On ne peut plus se permettre ce luxe en période de crise démocratique, économique et écologique.
Pour une République claire, responsable, efficace
La France doit faire le choix du courage. Celui de remettre à plat un système essoufflé, de dire clairement que toutes les strates ne se valent pas, que toutes les réformes passées ne sont pas sacrées, et que l’intérêt des citoyens passe avant les querelles de territoires ou les ambitions personnelles.
Il faut en finir avec les baronnies régionales, les doublons technocratiques, les jeux de pouvoir locaux, et les gaspillages d’argent public. Réduire la décentralisation, ce n’est pas nier les territoires — c’est mieux les servir, plus directement, plus efficacement.