Si j’étais un taureau camarguais …

« Le député Caron a voulu mettre la corrida sur le devant de la scène en tentant de faire voter son interdiction. Si ce débat, à l’heure où les Français subissent de plein fouet une certaine paupérisation, est totalement hors de propos, il  a tout même inspiré certains de nos adhérents. Chez l’Appel au Peuple aussi le débat est ouvert même s’il nous ramène toujours vers du concret, notamment pour le monde agricole. »  

Si j’étais un taureau camarguais …

Je pense que je ferais parti de ceux qui se prononceraient en faveur du maintien de la tradition de nos éleveurs sur notre terre nourricière …

Pour une bête de mon espèce, se jeter avec panache dans sa dernière bataille préservant ainsi ma famille et celles de nos cousines espèces , de leur disparition certaine. Avec notre disparition nos bocages méditerranéens exceptionnels d’une rare biodiversité deviendront la proie à la friche ou leur l’urbanisation à fin touristique, commerciale ou de loisir … La qualité d’une vie se mesurant tant à sa longueur qu’à sa largeur, pour rien au monde je ne la troquerai contre la promesse d’un élevage conventionnel et a une fin moins violente . Le prix à payer lors de mon ultime bataille vaux bien à mes yeux les chandelles de ma peau … C’est la raison pour laquelle nos cousins humains nous élèvent nous sélectionnent depuis la naissance de l’humanité. Nous leur rendons grâce en leur offrant notre chair. Au nom de quelle nouvelle liturgie devrions nous aujourd’hui disparaître ?

Si j’étais député je m’abstiendrais bien de voter pour une telle proposition de loi, en revanche je m’attacherais avec urgence à la déconcentration de notre modèle d’élevage le plus intensif et agirais en vue de l’inscription dans notre constitution la préservation des systèmes d’élevages herbager, bocager et Agro-Sylvo-Pastoraux…

Je ne suis qu’un éleveur savoyard qui ignore à peu près tout de cette tradition occitane, je lui préfère à ce titre nettement les Combats de Reines, quoi de moins surprenant pour un bonapartiste !

 

Paul Ducruet