Je vous apporte mon témoignage suite à mon achat d’un appartement dans une résidence neuve du Sud-est de la ville de Marseille, dans le plus grand secteur de la ville, celui qui regroupe le 9e et le 10e arrondissement, contrairement à ce que l’on peut dire, il n’y a pas que les quartiers Nord où se trouve la délinquance, la drogue, les meurtres, peuplé de quartiers difficiles, la Cayolle, la Soude, Benza, La Sauvagère.
Cet achat est un projet de vie pour ma famille. Nous avons emménagé dans une période qui s’est avérée délicate, en novembre 2019, juste avant le début de la pandémie, le confinement qui allait accentuer la délinquance, les vols de pièces de véhicules, de motos dans notre quartier.
A partir de mars 2020, nos parkings commençaient a être visité par des jeunes, en majorité d’origine étrangère, clandestins (faits avérés par la police suite à leurs arrestations), très vite, ils dépouillent des véhicules de pièces importantes, comme des phares Xenon, des portières, des rétroviseurs, des motos soulevées et mis dans des fourgons. Très vite, nous avons dû nous mobiliser la nuit, heures des délits entre 22h et 4h du matin, nous les 130 copropriétaires, qui ne nous connaissons pas encore, avons appris à sympathisé dans cette lutte contre la délinquance, nous avons organisé des rondes dans notre parking, vaste de 300 places sur deux niveaux.
Pour nous joindre dans l’urgence, nous avons développé un réseau WhatsApp, application instantanée qui alerte tous les copropriétaires à toute heure.
Nous avons dissuadé et mis en fuite de nombreux voleurs, qui se passent le mot, que notre résidence était tant bien que mal surveillée, cela a réduit le nombre de délits.
Nous avons développé aussi des contacts avec d’autres résidences du quartier et pu avoir des contacts avec la Bac Sud, les politiques et les médias.
Il faut savoir qu’il n’y a qu’un seul véhicule la nuit à la Bac Sud, qui couvre le 8e,9e,10e,11,12e arrondissement de Marseille, ainsi que les villes d’Allauch et de Plan-de-Cuques soit l’équivalent d’un équipage pour un territoire aussi grand que Paris, impensable mais réaliste !!! Donc parfois, il s’est avéré que l’on avait besoin d’eux mais qu’il étaient à 10 kms, pour une autre affaire, nous avons dû nous adapter à leur indisponibilité à des moments critiques, des copropriétaires descendaient avec leurs chiens, d’autres copropriétaires étaient armés de taser, couteau, et dans le parking, des extincteurs et des pelles étaient à disposition. Nous nous planquons dans le parking, une table pour jouer aux cartes. Voilà notre quotidien.
Nous avons alerté la mairie de secteur (à Marseille, plusieurs mairie de secteur, un secteur représentant deux arrondissements), la mairie centrale de Mr Benoît Payan et son adjoint à la sécurité Mr Yannick Ohanessian, avec des mails agrémentés de photos et vidéos que je lui adressais pour qu’il les transfère à la préfecture, donc l’État, pour demander plus de force de police et le développement de la vidéoprotection dans la ville mais rien n’a vraiment bougé de ce côté-là, des paroles mais on attend du concret.
Cependant, la fatigue au fil des mois se fit sentir, entre les nuits au parking et nos travails respectifs, et malgré le roulement des effectifs, nous avons dû donc convoquer une assemblée générale extraordinaire en septembre 2020 avec un coût de plusieurs milliers d’euros pour faire voter la mise en place de la vidéoprotection dans la résidence, pour favoriser la dissuasion et allégé la tension palpable à chacun de nous. La haine s’était développée au fil des mois et un dérapage vis à vis d’un voleur était possible.
La mise en place de la vidéoprotection dans notre résidence a eut lieu quelques jours après ma prise de fonction comme conseiller syndical délégué à la sécurité et donc à la gestion de la vidéoprotection et établissant le relais avec le fondateur d’un collectif des habitants de notre quartier, la police, la mairie de mon secteur, voire de l’opposition si cela ne bouge pas trop et les médias, ayant à mon actif une vingtaine d’année dans la sécurité privée.
Par l’intermédiaire de contacts proches de notre cause, nous avons pû réaliser un des reportages de « Zone Interdite », diffusé sur M6 le dimanche 20 février 2022 sur l’autodéfense. reportage tourné en février et juin 2021, au plus fort de la mobilisation citoyenne. La journaliste d’investigation qui a produit ce reportage et qui nous posait des questions, Elena Le Runigo et son caméraman Mateo Masnada fut en notre compagnie certaines nuits avec nous, tout en restant objective et sans jugement. Certaines vidéos du reportage où l’on y voit des voleurs courir pour nous échapper, où un autre au sol que l’on a arrêté en train d’attendre la Bac proviennent de ma résidence.
La vidéoprotection, les rondes dans le parking ont fait que nous n’avions plus de « visites ».
Nous avons donc abandonné petit à petit les rondes dans notre parking tout en restant vigilants. D’autres résidences n’ont pas encore eu cette chance et se font toujours littéralement dépouiller les véhicules. Notre motivation, notre détermination, notre union sacrée et le but d’une vie bien plus tranquille ont fait que nous sommes venu à bout. L’étendard d’une résidence sécurisée à Marseille mais à quel prix pour avoir la tranquillité. Le maire du secteur n’a pas de pouvoir de police, la mairie centrale dépend de l’état et l’état que fait-il ?
Se faire justice soit même quand l’état n’y fait pas face et pour une meilleure qualité de vie, avions-nous véritablement le choix ?
La vidéoprotection nous coûte en location sur 5 années, 35 000 euros soit 7000 euros/an et le matériel est à nous au bout de ce laps de temps.
Le système du WhatsApp est très bien ancré dans notre résidence et dès qu’une personne étrangère s’y promène hasardement, où a un comportement anormal, elle est très vite repérée et signalée, c’est ainsi que nous avons déjoué également plusieurs tentatives de cambriolages (de jeunes filles mineures d’origine étrangère de pays de l’Est), la vidéoprotection dissuade, c’est une preuve irréfutable lors d’un dépôt de plainte, mais n’arrête pas toujours les voleurs.
Si dans notre résidence cela va mieux, le combat continue à Marseille.
Pour ma part, j’ai fondé un groupe de quartier il y a un an (plus d’un millier de membres dont de nombreux élus locaux, départementaux, régionaux), je participe à l’effort du vivre ensemble, du vivre mieux et plus sereinement et je suis convaincu que l’engagement citoyen ne s’arrête pas au pied de sa porte ou de sa résidence, pour le peuple et par le peuple, nous y arriverons.
Nastro Patrick, citoyen engagé et membre de l’Appel au peuple.