Relance de la croissance

S’il convient de nous défendre, il faut, en outre, savoir être offensif et ne pas se limiter aux positions que la France possède déjà. Comment ? En relançant nos exportations, par l’élaboration d’une véritable vision stratégique sur du moyen et long terme, par le développement d’une stratégie d’influence normative internationale, par des investissements et enfin par l’innovation.

Revenir à une véritable politique industrielle et vision stratégique :

La France subit une désindustrialisation massive depuis plus de 40 ans mais également un déficit de son commerce extérieur, un amoindrissement de ses capacités de production et une perte de compétitivité de ses entreprises. Dans ce contexte, l’État français doit d’urgence renouer avec une véritable vision stratégique. Seul un État développeur sera en mesure de soutenir nos industries stratégiques et de favoriser l’investissement et l’innovation. Le retour à une vision industrielle stratégique permettra, à la manière des économies asiatiques, de devenir les puissances industrielles de demain. Ce que Napoléon III, le Général de Gaulle et Pompidou, jadis, et Taiwan, la Corée du Sud et Singapour, de nos jours, ont fait, la France peut le faire et remonter à la 4eme puis 3eme place mondiale en dépassant les Japon et Allemagne vieillissants.

Les exemples asiatiques (Japon, Corée du Sud, Singapour, Taiwan, Chine…) eux-mêmes inspirés du rattrapage prussiens s’appuient sur quatre instruments pour développer une puissante politique industrielle :

  • Une agence ou institution centrale en charge de la définition des objectifs et de leur ciblage, ainsi que de la mise en place des politiques notamment via une coopération public/privé renforcée. Contrairement au modèle communiste, l’Etat donne les objectifs aux entreprises privées et guide leur développement. Il ne se substitue pas à eux.
  • Le contrôle du système financier ou au moins une influence directe sur l’allocation des financements ;
  • Un ensemble d’appui et d’incitations, dont des contraintes, à l’exportation ;
  • des mesures de protection commerciale et de soutien additionnelles aux producteurs nationaux.

Cela passe par la suppression du Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) qui n’est qu’un centre d’étude produisant des rapports, que hélas personne ne lit, pour revenir au Commissariat général du Plan post mitterrandien. Ce Commissariat à la Stratégie et à l’Investissement serait chargé de définir la planification économique du pays, notamment via des plans quinquennaux ou décimaux et des objectifs à 25 ans.

Il convient de préciser (pour rassurer les libéraux) qu’il ne s’agit en aucun cas d’adopter la planification soviétique. Le modèle souhaité doit se rapprocher du METI/MITI japonais et de l’Economic Development Board de Singapour. Pour ce faire, le nouveau Commissariat à la Stratégie et à l’Investissement sera directement en lien avec la Caisse des Dépôts et le Fonds stratégique d’investissements

La première mission du CSI sera d’identifier les secteurs stratégiques et d’avenir et de mettre l’accent dessus. Pour chaque secteur, il convient d’identifier les champions nationaux, mais également les sous-traitants et les PME leaders dans des secteurs de niche. Il est impératif d’aider les TPE et PME autant et non pas moins que les grands groupes. Une première liste de secteurs stratégiques pourrait comprendre :

  • La robotique/automatisation (et dans une moindre mesure les drones terrestres et aériens)
  • Le nucléaire et la fusion
  • Les énergies renouvelables et les réseaux de distribution d’électricité « intelligent »
  • La Sécurisation de notre approvisionnement en ressources naturelles et minières
  • La maritimisation
  • Les transports électriques routiers et ferroviaires
  • L’aéronautique (conventionnel, biocarburant, électrique)
  • L’aérospatial
  • La Défense
  • Numérique, technologies de l’Information et de la Communication
  • La Santé et pharmaceutique
  • L’Agroalimentaire et agriculture
  • L’impression 3D

Il faut développer ces filières par la  réforme des pôles de compétitivité. Ces derniers ont jusqu’ici été victimes du saupoudrage et du clientélisme et nécessitent un véritable rééquilibrage. L’objectif est l’emploi et l’efficacité industrielle au niveau national à long terme et non pas les intérêts des élus et l’emploi local à court terme.

La France doit en outre, prendre acte de la perte de certains secteurs à l’instar de ceux de la sidérurgie, de l’aluminium et de la construction d’appareils électroniques (télé, ordinateurs, téléphones…) grand public. Il nous reste néanmoins Archos…

Il faut aussi augmenter la capacité d’action de la BPI en la rendant plus présente dans les régions françaises afin de créer un service de financement de proximité conscient des enjeux économiques locaux. Promouvoir les avantages de la BPI auprès de nos entreprises afin qu’elles soient informées des manières dont elles peuvent en bénéficier.

Il ne faut pas hésiter à concentrer tout le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE) sur les activités exposées à la concurrence internationale sur notre territoire. Ceci pour protéger les entreprises françaises et encourager leurs productions menacées par une concurrence déloyale.

Il convient, enfin, d’engager, avec les nations européennes volontaires, des coopérations industrielles et scientifiques dans ces domaines lorsque des intérêts communs sont identifiés. Comme jadis avec Airbus, Ariane Espace, l’Agence Spatiale Européenne ou le CERN, la France se doit de donner l’impulsion : Airbus naval, agence de lutte contre le cancer, automobile électrique, moteur de recherche, système d’exploitation pour ordinateur, robotique, biotechnologies… Des coopérations peuvent également être engagées sur la base d’une solidarité francophone ou latine. Ou encore avec d’autres pays : Robotique avec le Japon, industrie navale avec la Corée du Sud…

A.   Le développement d’une stratégie d’influence normative internationale

Les nouvelles technologies apparaissent bien souvent après une véritable bataille des normes (USB, DVD_HD/Blueray, disque dur, normes juridiques etc). Les Français doivent donc comprendre l’interet économique que représentent la langue, le droit, les normes technologiques, écologiques et de sécurités.

Être offensif dans ce domaine, c’est développer une stratégie d’influence normative internationale, c’est-à-dire agir directement pour imposer nos normes techniques, technologiques, écologiques et juridiques auprès des instances internationales qui les édictent : OCDE, FAO, OMS, OIT, CNUDCI, OMC…

Les exemples sont nombreux : bataille de la définition du yaourt et de l’eau minérale, exportation de notre droit à l’instar du droit notarial en Chine, création de nouvelles normes ISO…

Il convient, dès lors, par un partenariat public/privé, d’identifier les normes françaises que notre pays pourrait imposer aux instances susmentionnées.

Imposer nos normes, c’est avoir une longueur d’avance face à nos concurrents.

B.   Libérer les entreprises c’est investir pour notre prospérité future

Face à la situation économique actuelle, la France doit favoriser l’investissement et l’innovation. Ainsi, les entreprises qui fabriquent en France accroitront leurs chances de conquérir un maximum de marchés internationaux sans être bridés par des contraintes nationales.

Pour investir, une entreprise doit bénéficier de marges correctes et ne pas être écrasée par la fiscalité. La réindustrialisation passe par une meilleure rentabilité.

Enfin, simplifier la vie des sociétés c’est permettre à leurs dirigeants de pouvoir consacrer leur force à développer leur société plutôt qu’à nager dans un océan de taxes, de charges et de complexité administrative. D’autre part, la bonne santé financière des sociétés est la meilleure arme contre la perte de l’emploi des Français !

Il faut donc :

  • Moins de charge pour les entreprises qui investissent en France
  • Exonération de cotisations sociales pendant cinq ans pour le recrutement d’un chômeur de longue durée pour une TPE ou PME.
  • Accroissement de la part des activités productives  dans le PIB : industrie, agriculture et certains services….  Cela nécessite de ne pas avoir une politique de réduction des charges sur les bas salaires, mais sur tous.
  • Suppression de l’impôt sur les sociétés portant sur les bénéfices réinvestis sur le sol français afin d’inciter les entreprises à investir plutôt qu’à verser leurs bénéfices sous forme de dividende ou à bien à privilégier l’investissement à l’étranger
  • Simplifier la création d’entreprises en créant un « Forfait Création Entrepreneur » qui engage l’Etat à limiter à 3 étapes administratives les démarches nécessaires à la création d’une entreprise, et ce en 5 jours seulement contre 23 aujourd’hui.
  • Simplifier les informations économiques, financières et sociales liées au fonctionnement des instances représentatives du personnel et réduire de 34 à 10 les mentions obligatoires devant figurer dans le rapport annuel pour les entreprises entre 50 et 300 salariés.
  • Orienter l’épargne, le crédit et le capital vers le financement des PME/TPE.
  • Ne pas imposer les plus-values d’un investisseur lorsqu’il investit dans une jeune start-up française.
  • Créer un comité d’évaluation des subventions versées chaque année aux entreprises. Il serait chargé de convertir une part de ces subventions en baisses d’impôts ciblées dans les secteurs les plus stratégiques. Concentrer tout le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi (CICE) sur les activités exposées à la concurrence internationale sur notre territoire pour protéger les entreprises françaises et encourager leurs productions menacées par une concurrence déloyale.
  • Opérer une réelle et attendue simplification du droit du travail. Un compromis existe entre le Code du travail d’une dizaine de pages de la suisse et le nôtre. Cela passera par l’abrogation de la Loi Travail 2016.
  • Simplifier les normes qui n’ont pas une vocation protectionniste. Notamment dans le secteur de la construction et autres secteurs difficilement délocalisables.
  • Exonérer d’impôts les jeunes et petites sociétés n’ayant pas de filiales qui n’ont pas enregistré de bénéfices à l’instar de ce qui se pratique en Australie.
  • Encourager l’affacturage pour revigorer la trésorerie des entreprises au quotidien et mettre en place des réglementations afin d’éviter des abus de taux usuraires.
  • Permettre aux PME de se regrouper par secteurs pour se renforcer :
  • Faire bénéficier aux PME le souhaitant de contrats groupés d’achat de matières premières importées en créant une Agence d’achat, afin de réaliser des économies d’échelle.
  • Faciliter l’accès à un Comité d’entreprise collectif qui permettrait à des PME et à leurs employés souhaitant se regrouper de bénéficier des mêmes droits que les grands groupes : chèques déjeuners, chèques cadeaux Noël, aides pour le sport, réductions, partenariats…
  • Diminuer le montant de la Contribution Foncière des Entreprises imposée aux TPE et qui freine leur développement, en redéfinissant de nouveaux seuils de montants plus justes au regard du chiffre d’affaires des entreprises.
  • Délivrer une seule attestation annuelle par l’Etat, en fin d’année et valable l’année suivante, afin d’éviter à nos entreprises d’avoir à en faire réaliser une à chaque appel d’offre de marché public
  • Mettre en place trois taux d’imposition différents sur les sociétés : 35% pour les grandes, 25% pour les PME, et 15% pour les très petites, afin de rendre plus juste la progressivité.