« La langue de la République est le français. » – Article 2 de la Constitution

En ces temps de tensions linguistiques en Corse, où l’on parle d’imposer le bilinguisme corse-français dès la maternelle dans les écoles publiques, il est plus que jamais nécessaire de rappeler les fondements de notre pacte républicain. L’école, pilier de la République, ne peut devenir le terrain d’expérimentations identitaires qui, sous couvert de défense culturelle, mettent en péril l’unité nationale.

Oui, les langues régionales font partie du patrimoine de la France. Oui, leur apprentissage peut enrichir culturellement nos enfants. Mais non, elles ne doivent pas supplanter la langue commune qui unit les citoyens d’un bout à l’autre du territoire.

La France s’est construite sur l’égalité devant la loi, l’école, et la langue. Le choix de faire du français la langue de la République n’a jamais été un geste de rejet, mais un acte fondateur : offrir à chaque citoyen, quelle que soit son origine ou sa région, un outil commun d’émancipation, de dialogue et de compréhension.

En substituant de manière croissante, voire exclusive, une langue régionale au français dans certains établissements, on fracture cette promesse. On introduit de fait des disparités d’accès à l’instruction, notamment pour les enfants ne parlant pas la langue locale, ou ceux en difficulté d’apprentissage.

Ce que certains revendiquent comme une avancée culturelle devient, à y regarder de plus près, un vecteur de pression politique. La généralisation forcée du bilinguisme n’est plus un choix pédagogique : elle devient un instrument idéologique, où le refus d’un modèle unique est interprété comme une hostilité envers la culture locale.

Que l’on veuille transmettre le corse, le breton ou le basque est légitime. Qu’on l’impose, en revanche, dans des établissements publics où le libre choix des familles se réduit, est une dérive. L’école publique n’a pas vocation à refléter les revendications d’une minorité active, mais à garantir un socle commun à tous.

Demain, avec quel argument s’opposera-t-on à des revendications similaires pour d’autres langues ? L’arabe, le turc, le portugais ? Chacune de ces langues est parlée par des millions de Français. Une fois la digue rompue, il n’est plus possible de choisir sans arbitraire quelles langues peuvent prétendre à une place dans l’enseignement obligatoire.

La République n’interdit pas la diversité. Elle la rend possible précisément parce qu’elle s’appuie sur un cadre commun, neutre, partagé. Ce cadre, c’est la langue française. C’est elle qui permet à l’enfant corse, breton, martiniquais ou parisien d’aspirer aux mêmes droits, aux mêmes responsabilités, à la même dignité.

Ne sacrifions pas l’universel sur l’autel du particulier. La langue française n’est pas une option : elle est un lien. Un lien que l’école doit préserver.

Jean Pégot