L’Intelligence Artificielle ne doit pas être subie. Elle doit être dirigée.

Il y a aujourd’hui, dans le domaine de l’intelligence artificielle, une course mondiale qui ne fait que commencer. Les États-Unis avancent vite. La Chine investit massivement. Et pendant ce temps, la France semble attendre que l’histoire se décide sans elle.

Mais nous n’avons pas à nous excuser d’avoir de l’ambition. L’intelligence artificielle n’est pas un gadget, c’est un levier de transformation des sociétés, des économies, des souverainetés. Celui qui la contrôle, demain, imposera ses normes, ses valeurs, sa vision du monde.

La France ne doit pas se contenter d’accompagner. Elle doit mener, diriger, assumer sa singularité. L’enjeu n’est pas d’être “européens dans l’IA”, mais français dans l’excellence.

 Un État stratège, pleinement responsable

Il est urgent de rompre avec l’approche dispersée actuelle. Nous proposons la création d’un Haut-Commissariat à l’Intelligence Artificielle dont le socle serait constituait d’acteurs privés. Son rôle : définir les priorités, coordonner les projets, allouer les moyens, et garantir la cohérence de l’action publique. Il ne s’agit pas de multiplier les concertations, mais de construire une vision, puis de l’exécuter. C’est un esprit bonapartiste qu’il faut retrouver : celui d’un État capable de trancher, d’agir, d’unir les volontés autour d’un objectif commun.

 L’éducation, pilier de l’indépendance technologique

Nous devons refaire de l’éducation scientifique un pilier national. Remettre les mathématiques, la logique, la rigueur au cœur de la formation. Non par nostalgie, mais par nécessité. Nous appelons à la création d’un Institut National Supérieur de l’IA, ancré en France, formant nos talents pour nos besoins, selon nos valeurs.

 Une industrie nationale de l’IA

La souveraineté ne s’improvise pas. Elle se bâtit, secteur par secteur, brique par brique. Nous avons besoin d’un plan national d’investissement dans l’intelligence artificielle, avec pour objectif de faire émerger nos propres champions : dans les semi-conducteurs, le cloud, les modèles d’IA, les interfaces. Cet investissement doit aussi se bâtir dans un projet citoyen amenant à la création d’un « emprunt populaire IA » sur le modèle du livret d’épargne pour la défense proposée depuis le 20 mars 2025, et piloté par Bpifrance. L’enjeu n’est pas de “rattraper” les géants américains ou chinois. C’est de garantir que nous puissions choisir librement nos outils, nos partenaires, nos usages.

 L’éthique n’est pas l’ennemie de la puissance

La puissance algorithmique ne doit pas s’opposer à nos principes fondamentaux. Mais ce n’est pas en refusant d’agir que l’on devient vertueux. Nous devons développer une IA qui renforce notre autonomie, protège notre société, modernise nos services publics, et soutienne notre sécurité nationale. Coopérer, oui. Se diluer, non. La France peut coopérer avec qui elle veut, quand elle le juge utile. Mais elle ne doit pas attendre un cadre européen hypothétique pour avancer. L’initiative doit être nationale, le leadership doit être français. Lorsque l’Europe est prête à suivre, tant mieux. Mais nous ne devons plus l’attendre.

L’intelligence artificielle n’est pas un sujet technique. C’est une affaire de volonté politique. Soit nous décidons d’être maîtres de notre destin technologique, soit nous acceptons d’en être les variables d’ajustement. La France a encore les talents, les infrastructures, la créativité pour prendre sa place. Il ne lui manque qu’une chose : la décision de le faire.

Paul Lenglé