Si la France tient à tenir son rang dans le concert des nations (membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unis mais aussi 2ème puissance “marine” mondiale, etc …) elle se doit de maintenir sa dissuasion nucléaire mais elle doit aussi (et surtout) faire en sorte d’avoir des forces conventionnelles à la hauteur. Notre pays doit assurer et assumer son indépendance dans un schéma simple d’alliances et non plus s’enfermer, petit à petit dans certains carcans.
Pour cela, il faut un budget rehaussé significativement pour avoir des effectifs à la hausse pour la défense du territoire, le pré-positionnement ou les Opex, des effectifs permettant à chacun de s’entraîner mais aussi de se remettre en condition. Pour avoir des matériels rénovés ou nouveaux avec un taux maximum de disponibilité, des matériels venant combler des vides (avions gros porteur, 2ème porte avion, hélicoptères de transport, VHL adaptés, etc …) mais aussi des matériels d’équipements individuels fiables pour nos Hommes sur le terrain. Peut-être aussi le moment d’en profiter pour réfléchir à une certaine ré-industrialisation dans le domaine de l’armement petit calibre par exemple …
Il faut (ré)inventer le lien Armée-Nation en impliquant les nouvelles générations. En montrant sa reconnaissance à toutes celles et ceux qui à moment donné de leur vie ont porté les armes de la France. En multipliant les contacts entre nos armées et l’Instruction Nationale.
Il est plus que temps de mettre fin à la politique de destruction et de déclassement qui sont mise en place depuis trop d’année par les gouvernements successifs, de Droite comme de Gauche. La France n’est pas une puissance de seconde zone. La France se doit de pouvoir intervenir tant pour sauvegarder sa souveraineté que pour faire entendre sa voix. Cela ne peut se faire qu’avec une Armée digne de ce nom, avec une Armée qui se sente soutenue, avec une Armée partie intégrante de la Nation.
Nos propositions :
- Augmentation du budget de la Défense (hors pension) suivant un effort progressif permettant d’atteindre 3% du PIB entre 2020 et 2025.
- Maintien de la dissuasion nucléaire avec la seule composante Marine.
- Mise en place de « contrats opérationnels », pour les forces conventionnelles, permettant une adaptation rapide à une situation donnée.
- Reconstitution des capacités humaines et matérielles. Par exemple :
- Relèvement de la Force Opérationnelle Terrestre à 110 000 hommes dans un premier temps.
- Construction d’un second porte-avions.
- Achat d’hélicoptères de transport lourds
- Réel effort dans les équipements individuels.
- Mise en place d’une véritable « politique » de la condition du personnel.
- Mise en place d’une véritable stratégie industrielle pour la Défense.
- Création d’un véritable budget Réserve au sein du budget global de la Défense.
- Révision de l’organisation de la Réserve avec d’un côté la Réserve Opérationnelle et de l’autre une Réserve Territoriale.
- Mise à l’étude d’un nouveau Service Militaire Universel.
- Création dans chaque département d’une « Maison des Vétérans ».
- Relancer un vrai débat sérieux et objectif sur le Service militaire universel
Préserver et développer dans un cadre national nos industries à caractère stratégique
Comment se fait-il que l’armée française s’équipe aujourd’hui de fusils d’assaut allemands ? Nous n’aurions donc plus les capacités de fabrication d’armes essentielles pour notre défense ? Pour pérenniser le fameux « couple franco-allemand » ? un groupe de mots dont se gargarisent la plupart de nos médias mais qui n’existe pas en Allemagne. Nous acceptons donc le sacrifice de nos manufactures d’armes séculaires ce dont bénéficie l’Allemagne qui, de son côté, ne nous soutient pas dans le contentieux grave que nous avons avec la Turquie.
Drôle de couple qui fait déjà chambre à part… Doit y avoir de l’eau dans le gaz (russe)…
Il importe de relancer notre industrie de défense afin de conserver le savoir faire national en la matière. Cet effort permettrait de soutenir en partie la réindustrialisation. Développer un nouveau char de rupture s’impose également. Certes nous n’en avons guère besoin au Mali aujourd’hui et le blindé léger Griffon s’avèrerait suffisant. Mais que pourrions-nous opposer sur d’autres théâtres d’opérations notamment face aux 3000 chars lourds d’Erdogan ? nos 260 Leclerc disponibles à 60% ?
Une défense nationale doit être équipée pour faire face à toutes les menaces.
De même devrions-nous relancer aujourd’hui notre industrie nucléaire, championne du monde il y a 15 ans et sacrifiée par démagogie, par manque de pédagogie et de courage face aux manipulations. 130 000 emplois directs et 270 000 emplois indirects de haute technicité seraient alors préservés.
Le nucléaire nous permettrait d’attendre que la fusion devienne accessible à une production d’énergie publique tout en contenant le réchauffement climatique. Les Chinois, Indiens, Américains, Britanniques et Brésiliens l’ont compris et nous avons déjà perdu toute notre avance. Comme un demi-siècle nous sépare encore de la production d’énergie par la fusion, c’est sûrement le moment de relancer nos capacités de recyclage des combustibles usés. Il s’agit d’une technologie que nous maîtrisons parfaitement à La Hague, près de Cherbourg dans le Cotentin, et qui permet de réduire les déchets à moins de 4% de leur volume initial.
Sans oublier notre industrie agroalimentaire qui depuis peu est devenue la seconde d’Europe derrière… l’Allemagne ! Car au cours des 30 pleureuses des gouvernements démissionnaires ne se sont pas battus pour que nous conservions notre première place. Mais alors si on additionne notre production d’eau, d’alcools, de confiseries, de produits laitiers, de céréales nous sommes derrière l’Allemagne… Avec la production de viandes aussi ? qui l’eut cru ?
S’appuyer sur les capacités de ce qui fit notre puissance industrielle
L’industrie du luxe, toujours dominée par les Français LVMH, largement premier mondial, Kering, Chanel, l’Oréal… et dont une pudeur déplacée parle si peu, est pourvoyeuse en métiers à haute valeur ajoutée. Cordonniers, joaillier, couturiers, nez, sont grandement qualifiés et souvent formés au sein même de leurs ateliers. Avec l’organisation de filiales, de telles entreprises pourraient aider à recréer une industrie textile française de qualité mais sur des créneaux de vente meilleur marché.
L’espace ouvre encore d’énormes débouchés avec de forts investissements techniques et financiers de la part de notre pays. La part financière correspondant à la contribution de la France dans la production de technologies spatiales est toujours dominante, deux fois plus que tous les autres pays de l’Union Européenne réunis. Nous y avons des champions comme Safran ou Thalès. Airbus également qui pourrait y trouver une opportunité de diversification au moment où cette société doit faire face à une grave crise des transports aériens. Galileo, système concurrent du GPS développé par l’Union Européenne à partir de satellites placés en orbite par Arianespace, est désormais opérationnel. Mais sa conception date de plus de vingt ans, nous avons trop tardé malgré la rentabilité assurée d’un tel projet.
La fabrication de matériels de transports ferroviaires avec Alsthom, numéro 2 mondial, devrait bénéficier d’une révision de nos réseaux ferrés urbains ou extra urbains plus adaptée à une nouvelle demande des usagers et à des dessertes redevenues plus opportunes notamment avec la promotion de logements en banlieue ou en zone rurale. Avec le soutien d’un programme national la reconquête de parts du marché international serait facilitée. C’est une opportunité à saisir grâce au nouvel élan donné aux transports en commun les moins polluants.
Sans revenir sur nos incroyables manques sanitaires révélés par la Covid-19, n’oublions pas la place avantageuse de Sanofi dans la production pharmaceutique mondiale. Une opportunité apparaît avec la nécessité de superviser les qualités de production des principes actifs, ces substances chimiques composantes des médicaments et produites presque totalement en Chine à présent. Redynamiser la production nationale relèverait aussi d’une obligation de santé publique.
L’industrie automobile qui bénéficie d’une forte population de salariés ingénieurs, techniciens, contremaître et ouvriers disponibles n’est pas totalement sacrifiée et dispose toujours de ressources en matière de développement technologique. On peut accuser le Gaulois réfractaire de souhaiter des prix toujours plus bas pour justifier des fabrications à l’étranger mais l’Etat ne donne pas l’exemple. Il est aujourd’hui fréquent de voir l’administration, l’Armée, la Police utiliser des véhicules de marques étrangères. Un constat fort rare chez nos voisins.
Bien d’autres domaines offrent des débouchés à l’industrie française qui y conserve quelques capacités de développement. Citons simplement l’électronique, l’optronique, la robotique et notamment le développement des drones.
Redynamiser l’intervention de l’état
Mettre en œuvre une planification devient désormais absolument nécessaire. Mais une véritable planification reposant sur une réelle volonté de développement industriel, sur la perspective de grands projets au niveau de l’énergie, des infrastructures ferroviaires et portuaires, de la défense nationale, de la conquête spatiale. Pour en assurer les résultats attendus, l’incitation fiscale aux entreprises comme aux consommateurs et l’investissement d’état semblent les meilleurs outils.
Il faudra un management de cette planification avec des industriels expérimentés plutôt que de hauts fonctionnaires ou des agrégés de Grec ancien. Il ne s’agit nullement d’incriminer la haute fonction publique ou des élus issus de milieux totalement étrangers à nos usines mais les enjeux sont trop sérieux.
Combien de membres de la représentation nationale eurent au cours des 30 pleureuses une réelle expérience industrielle ? Moins de 5% probablement ce qui explique certainement un manque d’engouement pour évoquer une nécessaire réindustrialisation et un manque de connaissances pour défendre nos avancées, notamment en matière énergétique à présent délaissée.
Il s’agira en effet de combler notre retard de saisir les opportunités industrielles sur le long terme, de remotiver une ingénierie nationale, de relancer les axes stratégiques de Recherche et Développement, de superviser les transferts de technologie … Et pourquoi pas de lancer un emprunt national pour financer l’effort de réindustrialisation et faire des Français, plutôt que des étrangers, les débiteurs de leur Etat.
Un énorme défi qui impose aussi deux étapes bien particulières :
- Associer la représentation syndicale et le patronat à la remise en cause des 35 h obstacle majeur à une réindustrialisation. Soit la fameuse productivité des Français est un leurre soit en revenant aux 40 heures de travail hebdomadaires on crée les conditions pour que notre productivité devienne incontestablement la meilleure du monde. En compensation les salariés du secteur industriel pourraient bénéficier d’une réforme de l’âge de la retraite un peu moins contraignante.
- Renégocier les accords commerciaux dont l’intérêt pour l’industrie française est devenu contestable, et pourquoi pas les traités européens dont les critères, presque toujours uniquement financiers sont de véritables handicaps pour notre production.
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Retrouver nos ambitions industrielles c’est certainement possible.
Malgré une gestion du pays faite de couardise, de malédictions, d’atermoiements socio-écologiques, de manipulations politiques, de renoncements qui au cours des « 30 pleureuses » ont abouti à un appauvrissement du Peuple Français, nous pouvons stopper cette marche aussi stupide que suicidaire vers une société qui limiterait son activité aux seuls services.
Nos atouts en matière d’industries du luxe, de l’armement, du nucléaire ne suffiront pas et, de toute manière, ces secteurs d’activité ne trouveront jamais de promotion auprès du diktat écologique. Toutefois il sera possible d’appuyer le renouveau industriel français sur les quelques champions qui subsistent en les associant, avec des syndicats enfin concernés, à l’élaboration d’une véritable planification incitative.
Il faut agir très vite car déjà le temps perdu a profité à la concurrence étrangère et risque d’accroître notre perte de compétences.
Certains croient que les intérêts économiques priment sur les choix politiques. En fait c’est plus souvent le contraire, sinon comment expliquer l’avènement des 35h, le sacrifice du nucléaire français ?
La réindustrialisation, assurément un choix politique qui permettra d’entrer dans une ère de progrès social garant de l’ordre public et préservant notre indépendance. Ce ne peut être qu’une volonté bonapartiste.
François HARARI