« La France doit prendre le large, pour de bon »

Vouloir protéger les océans, vouloir agir pour la mer, ce sera illusoire tant que toutes les nations n’en prendront pas conscience — et n’agiront pas avec détermination. Mais certaines ont plus de responsabilités que d’autres. La France est l’une d’elles.

J’aime rappeler que la France est la 2ᵉ puissance maritime mondiale, grâce à ses territoires ultramarins qui lui confèrent une zone économique exclusive (ZEE) immense, répartie sur tous les océans. J’aime aussi souligner que la France est la première puissance sous-marine, grâce à ses capacités techniques, scientifiques et industrielles.

Mais à quoi sert ce rang si nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux ?

Les océans sont au cœur de notre équilibre planétaire : ils régulent le climat, stockent du carbone, produisent de l’oxygène, nourrissent des milliards d’êtres vivants — humains compris. Ils sont aussi gravement menacés :

par la pollution plastique, chimique et sonore,

par la surpêche et la destruction des habitats,

par l’acidification et le réchauffement,

et par des projets d’exploitation industrielle des fonds marins qui avancent plus vite que la science.

Face à cela, nous avons un devoir : montrer la voie.

La France doit devenir une nation océane, dans les actes autant que dans les discours. Cela implique :

– de protéger réellement au moins 30 % de ses espaces maritimes, y compris dans les DOM-TOM ;

– de renforcer la lutte contre la pêche illégale et les pratiques destructrices, même quand elles concernent ses propres flottes ;

– de s’engager dans une diplomatie maritime ambitieuse, pour une gouvernance efficace de la haute mer.

Et sur un sujet qui divise : l’exploitation minière des fonds marins, nous devons adopter une position lucide et responsable.

Il ne s’agit pas de fermer définitivement la porte à toute exploitation. Mais tant que les connaissances scientifiques sur les écosystèmes profonds restent lacunaires, tant que les garanties de non-dégradation sont inexistantes, la seule position défendable est la prudence. L’extraction de ressources sous-marines, si elle doit exister un jour, ne peut se faire que dans un cadre strict, fondé sur la connaissance, la transparence, et l’intérêt général à long terme — pas sur des logiques de rentabilité rapide.

Aujourd’hui, trop souvent, la France regarde la mer de loin, tout en parlant d’elle avec emphase. Il est temps de passer du symbole à l’action.

Il est temps que la France assume son rôle, non comme gardienne d’un statut, mais comme leader d’un sursaut mondial. Le monde marin n’a pas besoin d’un slogan, il a besoin de décisions courageuses.

Enfant du Comminges, dans les Pyrénées Centrales, j’ai cet amour pour les territoires qui au fil des siècles sont venus former notre belle France. Cette France que j’ai servi durant quelques années au sein des unités de l’Infanterie de Marine et par ce biais sur différents théâtres d’opérations et qui m’a donné ainsi une deuxième famille. Amoureux de notre Histoire mais surtout admirateur de l’œuvre de nos deux empereurs, loin de tous anachronismes, je défends leur mémoire mais aussi les valeurs qu’ils nous ont légué pour une certaine idée de la France grande, juste, respectée et généreuse. Cette Histoire, ces valeurs et cette mémoire qui doivent nous rendre fier d’être Français.