Aujourd’hui, parler de “souverainisme” en public, c’est prendre le risque d’être taxé de complotisme, d’isolement ou de populisme. Ce terme, accaparé par certaines figures politiques aux discours outranciers, a perdu son sens originel dans le tumulte des polémiques. Pourtant, il désigne une idée fondamentale pour toute démocratie : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Autrement dit, le droit de dire non.
Le souverainisme, dans son essence, est une affirmation de la souveraineté populaire : celle qui garantit que les lois ne viennent pas d’une instance inaccessible ou d’un pouvoir délocalisé, mais bien du peuple lui-même, par ses représentants. Ce droit de dire non — à des traités imposés, à des normes technocratiques, à des orientations économiques non débattues — est un droit fondamental. C’est ce qui permet à une communauté politique de définir ses choix, ses limites, ses priorités.
Mais le souverainisme, c’est aussi la défense d’une certaine idée de la France. Une France libre de ses choix, fière de son indépendance et attachée à sa souveraineté nationale, économique, agricole et culturelle. Cette idée n’est pas réactionnaire, elle est visionnaire. Elle suppose de croire qu’un pays peut être maître de son destin tout en coopérant avec d’autres. Elle suppose aussi de refuser que des décisions essentielles soient prises sans débat, sans mandat, sans ancrage populaire.
Ce n’est pas refuser l’Europe, ni le monde. C’est refuser d’abdiquer le pouvoir de décision. Un souverainisme sain n’est pas isolationniste ; il est critique, exigeant, démocratique. Il ne s’agit pas de fermer les frontières, mais de rouvrir les débats. Il ne s’agit pas de rompre les traités, mais de pouvoir en discuter le bien-fondé. Bref, il s’agit de rendre au citoyen le pouvoir de dire : “je suis d’accord” ou “je ne suis pas d’accord”.
En réduisant le souverainisme à ses caricatures, on refuse aux peuples le droit de contester, de critiquer, d’amender. On transforme la coopération internationale en injonction silencieuse. Il est urgent de sortir de cette impasse. Le souverainisme doit être réhabilité comme une posture politique responsable, ni nostalgique ni agressive, mais fidèle à l’idée que la démocratie repose sur le libre consentement.
Et si nous ne voulons plus parler de souverainisme, alors ayons le courage de parler du bonapartisme !
Non pas d’une nostalgie d’Empire, mais d’une vision forte de l’État, d’une volonté d’indépendance stratégique, d’un rapport exigeant entre la Nation et le peuple.
Le bonapartisme, dans sa dimension moderne, c’est la croyance qu’une grande nation doit savoir dire non, tout en incarnant un projet collectif ambitieux. C’est assumer l’histoire de France sans complexe, et croire que le rôle de l’État est d’assurer la souveraineté réelle du pays sur tous les plans.