Ne pas négliger la défense de nos Outre-Mer

A l’heure où la Nouvelle-Calédonie connait une situation compliquée du fait des actions violentes d’une minorité téléguidée en partie par des puissances étrangères, il nous semble intéressant de publier ces quelques lignes que David Saforcada avait confié à la revue « Le Diplomate » il y a quelques mois. 

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Le 20 janvier dernier, lors de ses vœux aux Armées, le président de la République a présenté les contours de la nouvelle Loi de Programmation Militaire 2024/2030. Dans les différents points évoqués il y en a un qui a immédiatement attisé ma curiosité : « la protection de nos intérêts dans les espaces communs ».

Ici, si on en croit les propos du chef de l’Etat, il est question de renforcer « notre capacité à surveiller, à réagir, mais aussi à prendre l’initiative, à passer de clairs messages stratégiques » dans plusieurs espaces comme l’espace exo-atmosphérique, l’espace numérique et les espaces maritimes.

Emmanuel Macron vient donc de découvrir que la France possède la deuxième zone économique exclusive du monde, qu’elle est la première puissance sous-marine mondiale, qu’elle possède 14 millions de km2 d’espace aérien et qu’elle est l’une des seules nations à posséder un réseau circumterrestre de station de contrôle satellitaire, tout cela grâce à ses Outre -mer. De ses propres mots cela « représente un immense atout », mais aussi « une immense responsabilité, y compris à l’échelle des enjeux environnementaux, climatiques, de la protection de certaines infrastructures et de nos territoires. » … Un président qui se rend compte que « France sur Mer » existe c’est exceptionnel pour être souligné.

Mais des mots aux actes il y a parfois de trop nombreux milles nautiques à combler sauf s’il y a une volonté réelle de prendre en compte les disparités existantes aujourd’hui entre les forces de souveraineté présentes et les ambitions qui doivent être les nôtres. Aujourd’hui, que ce soit dans les capacités humaines (moins de 8500 hommes sur l’ensemble des territoires) que dans les capacités matérielles (aériennes, maritimes et terrestres) on ne peut pas dire que nos forces de souveraineté, dont le format « taillé au plus juste,» sont adaptées à l’ampleur de leurs missions et à leur rôle stratégique. Là encore on ne peut que dénoncer la politique d’économie et de désengagement voulue par Nicolas Sarkozy et appliquée par Hervé Morin ou Gérard Longuet.

Il y a urgence à redimensionner notre marine avec la création de 4 flottes (Méditerranée, Océan Indien/Antarctique, Océan Atlantique/Arctique, Océan Pacifique) et de deux groupes aéronavals. Il y a urgence à revoir la préposition de nos forces aériennes ainsi que leurs moyens notamment en avion de transport et de chasse (on ne peut pas tout laisser reposer sur nos bases à Djibouti et aux Emirats Arabes Unis). Enfin il faut travailler à une DOT-OM autour d’un renforcement de nos unités Légion et Troupes de Marine.

A l’heure où tous les regards sont tournés vers l’Ukraine et la guerre à haute intensité, il ne faut pas perdre de vue que nos territoires d’outre-mer peuvent eux aussi être touchés tant par des groupes mafieux ou terroristes que par la politique agressive d’états voisins. Il faut arrêter d’avoir une vision « eurocentrée » et réfléchir aussi vers le grand large.