une Loi de Procrastination Militaire

Certains se félicitent de notre loi de programmation militaire (LPM) pour 2024-2030. Il est vrai qu’elle fut largement adoptée par la représentation nationale le 7 juin dernier et qu’elle donne une réorientation nécessaire de nos forces armées depuis si longtemps rachitiques et insuffisamment équipées. Il importe pourtant de rester vigilant car les dangers ne sont pas écartés depuis la fin de la Guerre Froide. Par ailleurs un pays comme la France se doit de répondre à trois obligations :

  • Assurer la défense de la Nation, de ses intérêts et de son territoire, notamment de son littoral maritime et sous-maritime, le plus vaste du monde.
  • Répondre à ses obligations onusiennes en particulier pour le maintien du droit international et la protection des populations injustement agressées.
  • Satisfaire nos alliances internationales reposant sur des traités en vigueur.

Malheureusement, depuis 30 ans, la pauvreté intellectuelle de nos dirigeants qui, de plus, n’ont de cesse de se méfier de nos chefs militaires, a produit une espèce d’apathie politique en matière de défense nationale. Ceci nous place à présent dans une situation extrêmement grave.

Alors que la guerre de haute intensité n’a jamais cessé d’être une menace, nous apprenons que nos armées disposent à peine de trois jours de munitions, que leur potentiel vieillissant terrestre, maritime et aérien ne serait qu’à 60% de disponibilité opérationnelle. Quant au moral des troupes, la démission de 15000 gendarmes en 2022 est un signal d’alerte qu’il devient bien malhonnête d’occulter.

La LPM actuelle s’avère en fait inadaptée à la situation géostratégique et ne permettra pas à nos forces de remplir leurs missions et de se préparer à l’engagement dans un conflit de haute intensité. Une situation aussi catastrophique se vérifie par trois malheureux constats.

  • La LPM prend insuffisamment en compte les menaces réelles.
  • La LPM repose sur un budget trop restreint nous privant d’équipements essentiels
  • La LPM ne permet pas de disposer du potentiel humain nécessaire.

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Avant de définir les composantes majeures d’une vraie défense nationale, les Etats-Majors s’attachent à déterminer les menaces qui pèsent sur l’intégrité de la nation. Elles ne sont d’ailleurs pas si compliquées à comprendre, mais il s’agit bien d’envisager toute éventualité, toutes les hypothèses.

La menace s’identifie d’abord dans les capacités d’agression extérieure. La Russie de Vladimir Poutine nous rappelle depuis 18 mois que la guerre de haute intensité faisant usage d’artillerie et de missiles se développe à 1000 km de nos frontières avec des destructions importantes. L’Allemagne, la Pologne ont décidé, dès le début du conflit, la modernisation de leurs forces armées.

La Chine qui avance ses pions sur sa « route de la soie », véritable escroquerie diplomatico-économique, menace avec de puissants moyens conventionnels Taiwan, nous le savons, mais aussi notre Nouvelle-Calédonie clé de voute de son « encerclement » et si riche en matières premières stratégiques.

Erdogan, fort d’une réélection réussie, reprendra vite ses rodomontades en Méditerranée de Chypre aux rivages nord-africains. Il ne craint plus la France.

De notre côté, nous nous contentons d’une armée valeureuse mais pour l’instant trop apte, globalement, à la guérilla africaine. Enfin nous devons faire face à une menace intérieure terrible qui prend deux formes, et souvent avec le même fond politique.

  • Le terrorisme et ses capacités à frapper très violemment et par surprise la population civile. Cette forme de menace impose un maillage défensif très dense mobilisant en partie nos faibles armées et leurs minuscules réserves.
  • L’extension des zones de non droit où nos compatriotes de toutes origines se sentent depuis trop longtemps abandonnés par la République.

Considérer que l’arme nucléaire peut assurer notre sécurité sans s’embarrasser de forces conventionnelles est d’une naïveté affligeante qui rappelle les espoirs déçus d’une Ligne Maginot aussi coûteuse qu’inutile. Le constat est clair nous n’avons plus les moyens nécessaires à la sécurité des Français et depuis 30 ans les gouvernements s’appliquent à diminuer les budgets militaires.

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Alors que l’Allemagne nous informe clairement qu’elle injectera 100 milliards d’€ dès 2023 dans son budget de défense nationale, le plus gros d’Europe, notre LPM prévoit quelques 413 milliards à partir de l’an prochain et jusqu’en 2030, soit une moyenne de 59 milliards chaque année.

Ce montant s’avère trop faible pour que nos armées remplissent leurs misions. N’oublions pas que ce même montant sera amputé de 8 à 11 milliards d’€ consacrés chaque année à la maintenance de notre système de dissuasion.

Certes la LPM semble correctement définir nos besoins en matière d’équipements modernes (missiles, nouveau satellite, drones…) mais les quantités prévues ne permettent pas de répondre aux besoins en équipement. Par ailleurs, sur les sept années d’exécution du programme, la commande de 38 Jaguar, 92 Griffons et 4 bâtiments légers amphibie ressemble à une mauvaise plaisanterie alors qu’un nombre important de nos AMX 10 Roues-Canon ont été récemment cédés à l’Ukraine.

Au moment où la guerre de haute intensité menace, il importe d’augmenter notre potentiel en canons César et en Chars Leclerc, car le parc actuel, compte tenu des cessions en canons à l’Ukraine et d’une disponibilité technique scandaleusement basse, se révèle d’une faiblesse pitoyable.

Depuis 30 ans le budget de la Défense Nationale ne fait que baisser alors qu’on exige de nos forces devenues professionnelles des efforts toujours plus importants. On nous fit croire qu’une armée professionnelle serait plus économique. C’est un mensonge politique de plus puisque maintenance des matériels, soutien logistique et garde des installations sont aujourd’hui largement sous-traitées à des entreprises civiles dont les résultats restent bien contestables et les coûts forcément très élevés.

Dans mon livre Urgences !!! * relançant le débat pour le retour à un vrai service militaire et écrit en 2018, je proposais déjà des solutions pour augmenter nos effectifs, notre potentiel militaire ainsi que nos capacités financières de défense. Comme il y a désormais véritablement urgence, il faudrait que nos budgets militaires soient immédiatement multipliés par deux hors dissuasion, avec un effort prioritaire sur les effectifs combattant et les systèmes à mettre en oeuvre sur le champ de bataille.

Le financement de notre défense nationale dépasserait ainsi 70 milliards annuels au lieu des 38 milliards actuels incluant d’ailleurs la dissuasion nucléaire.

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L’insuffisance de nos moyens notamment humains paraît prise en compte par la LPM qui prévoit bien une montée en puissance de nos effectifs. Mais l’objectif d’atteindre 105 0000 réservistes en 2035 et donc dans 12 ans frise le ridicule.

Au sortir des interventions en Afrique sahélienne, nous nous retrouvons un peu comme à l’époque de la guerre d’Algérie. Nous disposons d’une excellente armée, experte du combat d’infanterie face à un ennemi en réalité sous équipé.

Mais nous avions su, à l’issue des opérations en Afrique du  Nord, reconvertir très vite des troupes expérimentées pour disposer dans nos forces en Allemagne ou sur les marches de l’Est de centaines de milliers de soldats bien entrainés et bien équipés, indispensables composantes de notre dissuasion, et qui pesèrent tout au long de la guerre froide et jusqu’à la victoire finale.

Car à l’époque, existait un service militaire permettant de disposer de 250 000 militaires supplémentaires pour les troupes d’active et de millions de réservistes.

A présent l’effectif de nos réservistes atteint à peine 40 000 soldats.

Alors pourquoi ne pas relancer un vrai débat sur un retour au service militaire ?

Les détracteurs du service militaire ont aujourd’hui des arguments qui ne sont plus recevables.

  • Nous n’aurions plus les capacités d’infrastructure et les jeunes français ne seraient guère motivés.

Avec un service de 6 mois la première année, prolongé d’une période de 3 mois la seconde année, des camps de structure légère seraient suffisants pour se substituer aux lourdes infrastructures d’autrefois. La période d’effort à faire serait aussi plus acceptable pour notre jeunesse.

Une classe d’âge comptant actuellement 600 000 garçons et filles, nous pourrions tabler sur au moins 200 000 volontaires aptes à servir dans les armées, le reste serait affecté à des services civiques (police, pompiers, sécurité civile, hôpitaux, protection de l’environnement, etc…).

  • Les capacités opérationnelles des conscrits sont inférieures à celles des professionnels.

Peut-être, mais il semble que les Ukrainiens sont en train de nous prouver le contraire quand il s’agit de défendre directement le territoire national. Des missions comme Vigipirate ou Sentinelle pourraient ainsi être assurées par des patrouilles composées d’appelés et encadrées par les anciens des OPEX. Elles resteraient tout aussi opérationnelles qu’actuellement mais pourraient être trois fois plus nombreuses sur l’ensemble du territoire national métropolitain et ultramarin.

De toute évidence la maintenance de nos matériels, la garde de nos installations et les interventions faisant suite à tout évènement hors guerre redeviendraient bien plus efficaces. Souvenons-nous de notre incapacité à monter un hôpital militaire lors de l’épidémie de Covid. C’était impensable au temps du service militaire.

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Sur le territoire français, les menaces d’agression, tout comme le soleil, ne se couchent jamais. Cependant la LPM adoptée la semaine dernière n’y répondra pas de manière efficace.

Une armée planifiée pour un effectif de 210 000 militaires d’active et de 80 000 réservistes ne pourra en rien faire face aux nouveaux défis géostratégiques.

L’OTAN ne nous offre plus de garantie suffisante. La Grande Bretagne, alliée traditionnelle depuis 150 ans, s’éloigne par un Brexit voté notamment en raison de l’affaiblissement français. L’Allemagne a depuis longtemps déchiré notre soi-disant pacte d’amitié pour tenter de détruire notre énergie nucléaire et nos capacités industrielles.

Il faut se poser les vraies questions : le monde est-il dangereux ? Nos alliés sont-ils fiables ? Notre démocratie et notre liberté valent-elles encore d’être défendues ?  Nos gouvernants ont-ils la volonté et l’intelligence de préparer un conflit de haute intensité ? Ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui brillent depuis six ans par leur apathie en matière de réindustrialisation, de promotion de notre énergie, de maintien de l’ordre public sur tout le territoire…

Alors pour assurer notre défense nationale, craignons qu’ils ne nous aient pondu une Loi de Procrastination Militaire.

Secrétaire Général pour L'Appel au Peuple

Natif de Mulhouse et habitant aujourd’hui les Pyrénées centrales, j’ai la France dans la peau.
Après Saint Cyr, j’ai servi comme Officier dans les Bataillons de Chasseurs Mécanisés passant la moitié de ma carrière dans les Forces Françaises en Allemagne.
J’ai quitté l’Armée comme jeune Commandant pour entrer dans l’Industrie nucléaire où j’ai servi 26 ans.
J’ai exercé les fonctions de PDG d’Areva-LMC (logistique de la matière nucléaire) puis de DG de Westinghouse en Europe et en Afrique du Sud.
Je parle plusieurs langues étrangères et j’ai rédigé des romans ainsi que des manifestes politiques.
Bonapartiste de toujours l’effondrement de mon pays, le reniement de son Histoire, et le mépris de son Peuple me sont insupportables. Surtout lorsque cette situation résulte de l’activité de piètres personnages au plus haut niveau de responsabilité politique ou économique.
J’ai rejoint France Bonapartiste et l’Appel au Peuple pour participer activement au redressement de la Nation en trouvant l’inspiration dans l’œuvre de nos deux Empereurs.