Ukraine sous épiscope (2ème partie)

Voilà deux semaines que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a commencé. Nous disposons chaque jour de plus en plus d’informations que l’observateur peut désormais trier dans un souci d’objectivité.

Certes, il est difficile de se montrer impartial quand on constate les tirs de l’aviation, de l’artillerie et des blindés russes sur des objectifs a priori inoffensifs, en tout cas bénéficiant d’une protection au moins morale et notamment les établissements hospitaliers.

On peut répéter sans cesse, à la manière du vieux Joe (Biden le wokiste) que « les Popovs sont très très méchants et les Américains très très gentils » ça ne fera pas avancer le débat vers une solution.

Essayons plutôt de comprendre les motivations et les résolutions de Vladimir Poutine et tentons d’identifier plus clairement nos capacités réelles à sauver la paix afin de commencer à envisager des solutions.

Poutine, qui paraît malade ce qui n’arrange rien, semble au bout d’une longue dépression personnelle. Son discours au Peuple russe du 11 mars 2022 révèle bien ce qu’il a ressenti depuis les années 1990 et son désir de faire reconnaître la Russie comme une grande puissance.

Poutine se fiche bien que son pays dispose d’un Produit Intérieur Brut (PIB) seulement égal à celui de l’Espagne, il veut revenir à la Grande Russie rassemblant Grands, Petits et Biélorusses. Une grande Russie, pas très riche peut-être, mais puissante et surtout respectée.

Le président de la Russie actuelle est un ancien chef de service de renseignement. Suffisamment intelligent pour comprendre que l’URSS portait en elle les germes de sa disparition, il ne le fut pas assez pour appréhender son déclin rapide alors qu’il servait au KGB comme Lieutenant-Colonel en Allemagne de l’Est.

La première humiliation ressentie par ce jeune Officier, c’est de constater que l’effondrement d’un mur de 3 mètres de haut et de quelques kilomètres de long allait entraîner celui de toute l’Union des Républiques Soviétiques…

Seconde humiliation, alors qu’il est convaincu que c’est l’URSS qui sauva le monde du nazisme, et il a sur ce plan un peu raison reconnaissons-le, il ne constata aucune reconnaissance de la part de l’Occident. Au contraire, les Américains et les Anglais continuèrent, bien après la chute de l’URSS, à considérer la Russie comme un ennemi prioritaire. L’Allemagne, elle, redevenait une puissance mais cette fois complètement soumise à Oncle Sam. La France ? elle aurait pu calmer ses angoisses maladives mais elle perdait chaque jour de l’influence, dirigée par des démagogues qui lui préfèraient une union européenne mercantile, et de faux écolos à l’intérêt général.

Dans son récent discours, il évoque le bombardement de Belgrade par les aviations de l’OTAN en 1999 (40 000 attaques aériennes pendant 3 mois tout de même…), décidé unilatéralement, comme une illustration du mépris des Occidentaux envers la Russie.

Il observe que l’installation de l’Otan et l’organisation de manœuvres en Pologne, dans les pays baltes et aujourd’hui en Roumanie, l’intégration de ces pays dans l’alliance comme des états de l’ex-Yougoslavie, constituent autant d’écarts inacceptables par rapport aux engagements des Occidentaux à l’issue de la guerre froide. Poutine est un juriste de formation, il n’est pas naïf mais saura parfaitement utiliser l’attitude des Occidentaux pour justifier le positionnement puis l’emploi de ses forces.

Les Occidentaux n’ont pas su gérer par la diplomatie les humeurs d’un dictateur qui envoie les manifestants de son pays purger leurs condamnations à 15 années de prison, ils n’ont pas su trouver les réactions nécessaires face à un criminel qui traque ses opposants partout dans le monde pour les éliminer et qui traite directement avec des oligarques maffieux…

Poutine s’est depuis longtemps aperçu de ses capacités d’impunité. Il a, en bon militaire, parfaitement reconnu les forces et les faiblesses de ses ennemis.

Il a bien compris que l’Occident accuse décadence civilisationnelle et vulnérabilité militaire. Il ne possède aucun moyen ni aucune stratégie pour s’opposer à l’impérialisme chinois, pour dominer l’Inde devenue super-puissance, pour maîtriser les démographies vertigineuses de l’Afrique et de l’Amérique latine…

L’OTAN est incapable d’agir de manière solidaire. C’est ainsi que peu d’alliés soutinrent la France lorsqu’elle s’opposa aux navires turcs au large de la Lybie ou dans les eaux territoriales grecques. D’ailleurs la France se trouve fortement malmenée au sein même de l’OTAN comme en témoigna l’affaire des sous-marins australiens où Américains, Anglais et Allemands agirent de concert pour mettre fin à un contrat de livraison dûment signé par l’Australie, non membre mais alliée majeure de l’organisation.

L’Union Européenne, qui n’a jamais démontré une grande volonté d’intégrer d’une manière ou d’une autre la Russie, est un nain politique sans diplomatie et sans bras armé. Les dissuasions françaises et britanniques sont contournables (comme le fut la ligne Maginot), hier par des attaques terroristes, demain par une attaque conventionnelle éclair. La France dispose bien d’une excellente armée aguerrie et motivée et assez bien équipée, mais ses forces sont si sous-dimensionnées qu’elle n’est même plus capable de protéger son empire maritime et sous-maritime, le premier mondial en cas d’attaques géographiquement diversifiées.

Et puis notre vieux dictateur a appris avec la fin de la Guerre froide, l’esprit vénal des hommes et celui de leurs dirigeants. Il ne s’est d’ailleurs pas privé, lui non plus, des pervers plaisirs du capitalisme et du libéralisme… Le type de l’incorruptible Robespierre dont on lui parlait sur les bancs des écoles de Leningrad et du parti, avait complètement disparu d’Europe. Il était désormais remplacé par de nouveaux types de premiers ministres, comme Fillon accourant occuper des postes d’administrateurs aux lourds jetons de présence chez SIBUR ou un Schroeder désormais Président de Nord Stream, filiale de GAZPROM.

Enfin si cette Allemagne économiquement puissante peut soudain doubler son budget de la défense, s’approchant d’un financement de ses forces trois fois supérieur à celui de son voisin français, il n’en a que faire. Poutine tient l’Allemagne en otage grâce à son gaz qui procure près de 30% des besoins en électricité des Allemands depuis l’abandon du nucléaire. Même en Allemagne de l’Est, Poutine avait connu des Allemands qui avaient un peu plus de discernement… Depuis longtemps cette Allemagne avait accepté de sacrifier son indépendance au gaz russe. Elle avait accepté de sacrifier son avenir énergétique aux aboiements de faux écologistes mais de vrais dogmatistes. Plus drôle encore ce couple franco-allemand, dont ne parlent que les journaux français dans un optimisme béat, et qui n’a jamais vraiment existé, laissait sans riposte la Mutti Merkel combattre avec acharnement le nucléaire français.

Finalement les ministres allemands des finances et des affaires étrangères suppliant il y a trois jours  les Européens de ne pas interdire les importations de gaz russe pour sauver leur industrie avait quelque chose de pathétique quand on se rappelle leurs combats virulents contre le nucléaire et contre le nucléaire français.

Indéniablement la politique allemande portera une part de responsabilité dans le conflit ukrainien.

Les Occidentaux peuvent prendre quelques sanctions inconfortables, les Russes ont l’avantage de disposer des matières premières et des matières alimentaires de base dont les Européens ne peuvent se passer.

Pour l’instant le vieux dictateur, le criminel patenté, profite de cette situation où les Occidentaux, les Américains et leurs alliés soumis d’Europe, n’ont ni les moyens ni la conviction nécessaire pour combattre sa politique guerrière.

Il y aura sûrement une crise monétaire mais depuis des lustres la Banque Centrale Russe achète massivement et stocke de l’or pour en diminuer les effets.

Ses chars patinent, ses troupes piétinent dans la poutine, et Poutine y croit encore…

Finalement son seul ennemi c’est le temps, comme le fut la neige de la Sainte Russie pour notre Napoléon ou pour la Wehrmacht.

Notre dictateur gouverne seul depuis 23 ans, entourés de petits marquis et des oligarques qu’il fit… Mais ces courtisans commencent à s’inquiéter de la longueur que prendrait une prolongation des combats et de l’ampleur des sanctions occidentales à long terme.

Poutine doit aussi se méfier de sa propre armée. L’Armée russe est une fabrique de héros quand il s’agit de défendre le sol national dans une guerre patriotique. Ce n’est présentement pas le cas…

Cette fois, la troupe commence à se poser des questions et les troupes qui s’interrogent sont chaque jour psychologiquement plus vulnérables. Or après 15 jours de combat sans bénéficier d’une logistique très opérationnelle semble-t-il, il fallut relever les troupes d’élites et les brutes Tchéchènes par des unités de réserves, des conscrits et jusqu’à quelques mercenaires syriens… Viendra aussi un jour où les Commandants russes vont se poser la question de l’intérêt de perdre des soldats, des chars et des avions modernes. Viendra un jour où Poutine n’aura plus les moyens financiers de conduire la guerre.

Le temps qui passe avec, malheureusement, son lot de massacres et de destructions, va devenir semaine après semaine, le premier adversaire du nouveau Tsar pas encore de toutes les Russies.

Si Poutine est réellement un psychopathe, alors nous devons nous préparer au pire, jusqu’à l’emploi par les Russes de l’arme nucléaire au moins au niveau tactique, c’est-à-dire d’une bombe à la puissance réduite mais pouvant détruire entièrement la zone de concentration d’une Armée ennemie.

Si les combats paraissent se poursuivre en dehors de cette menace, confirmant la réalité de la résistance ukrainienne, alors il est du devoir des dirigeants français de revoir d’urgence notre système de défense nationale et l’organisation de nos alliances. Il est de leur devoir de parler vrai à notre peuple et de lancer immédiatement un vrai débat sur le retour au Service Militaire en France pour assurer nous-mêmes notre défense opérationnelle du territoire sans compter sur des interventions américaines qui n’auront plus lieu, sans investir sur la bonne volonté de puissances étrangères qui nous ont trompés.

Nous devons être prêts à faire face à des menaces diverses sur notre territoire métropolitain et ultramarin : terrorisme de touts bords, islam radical, hégémonisme russe et même turc, militarisation des routes chinoises de la soie…

Une force conventionnelle puissante peut en effet menacer le territoire national, les Ukrainiens nous montrent ce que l’histoire nous a déjà démontré, seul un peuple peut arrêter une armée moderne qui cherche à envahir un territoire.

La dissuasion conçue par de Gaulle repose sur le triptyque Président-Bombe-DOT.

Un président courageux, déterminé, qui privilégie le Peuple Français et démontre tous les jours de telles dispositions, pensons-y au moment de l’élire.

Un armement nucléaire, celui que nous maîtrisons semble convenir bien que la composante tactique évoquée plus haut soit inexistante et mérite sans doute d’être à nouveau développée.

Enfin une Défense Opérationnelle du Territoire comme les Ukrainiens nous en donnent un admirable exemple.

Secrétaire Général pour L'Appel au Peuple

Natif de Mulhouse et habitant aujourd’hui les Pyrénées centrales, j’ai la France dans la peau.
Après Saint Cyr, j’ai servi comme Officier dans les Bataillons de Chasseurs Mécanisés passant la moitié de ma carrière dans les Forces Françaises en Allemagne.
J’ai quitté l’Armée comme jeune Commandant pour entrer dans l’Industrie nucléaire où j’ai servi 26 ans.
J’ai exercé les fonctions de PDG d’Areva-LMC (logistique de la matière nucléaire) puis de DG de Westinghouse en Europe et en Afrique du Sud.
Je parle plusieurs langues étrangères et j’ai rédigé des romans ainsi que des manifestes politiques.
Bonapartiste de toujours l’effondrement de mon pays, le reniement de son Histoire, et le mépris de son Peuple me sont insupportables. Surtout lorsque cette situation résulte de l’activité de piètres personnages au plus haut niveau de responsabilité politique ou économique.
J’ai rejoint France Bonapartiste et l’Appel au Peuple pour participer activement au redressement de la Nation en trouvant l’inspiration dans l’œuvre de nos deux Empereurs.