Victor Fialin de Persigny

Il y a 150 ans, le 12 janvier 1872, disparaissait celui qui fut, avec Louis-Napoléon Bonaparte, le fondateur du bonapartisme en tant que principe politique et continuité dynastique.

C’est abandonné de tous, même de l’Empereur que Persigny rendit son dernier soupir après avoir survécu deux ans à la chute de Napoléon III et du Second Empire. Il n’eut jamais l’occasion de lire le dernier billet que lui adressa notre dernier souverain, billet qui se voulait sûrement le premier pas d’une réconciliation que les deux hommes souhaitaient ardemment.

 

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Jean Gilbert Victor FIALIN est le 11 janvier 1808, à Saint-Germain-Lespinasse dans la Loire. Son père, soldat de l’Empereur est tué à la bataille de Salamanque en 1812. En 1823, il est admis comme boursier au collège royal de Limoges. Le 25 juillet 1826, il entre à l’école de cavalerie de Saumur et en sort 2 ans plus tard major de promotion. Il est affecté en 1828 au 4ème régiment de Hussards à Pontivy, dans le Morbihan, avec le grade de Maréchal des Logis.

 

En 1830, il entraîne une partie de son régiment à Vannes où il fait arborer le drapeau tricolore. Cette équipée lui vaut d’être rayé des cadres pour indiscipline en octobre 1830.

 

Renvoyé de l’armée pour républicanisme, Victor Fialin décide de monter à Paris et se lance dans le journalisme et écrit dans plusieurs journaux, tels Le Temps, Le Courrier Français, Le Spectateur Militaire. C’est à cette époque qu’il prend le nom de FIALIN de PERSIGNY.

 

Alors qu’il est en voyage pour son journal dans le pays de Bade, en 1834, il fait une rencontre inattendue. En effet, sa voiture croise une calèche où se trouve le roi de Westphalie, frère de Napoléon 1er. Le cocher de Persigny s’écrie : « Vive Napoléon ! », ce qui est pour notre homme une révélation. Devenu dès lors bonapartiste, il fonde la revue L’Occident Français, qui n’aura qu’un seul numéro. L’année suivante, il est à Arenemberg où réside la reine Hortense, et devient rapidement, par sa foi bonapartiste, l’ami du prince Louis-Napoléon. Il sera dès lors son compagnon et aide de camp.

 

Persigny est l’un des principaux organisateurs du complot de Strasbourg. Louis-Napoléon est arrêté et envoyé aux Etats-Unis, pendant que Persigny, qui a pu s’enfuir, gagne le pays de Bade, puis passe en Angleterre. Il s’y affairera pour relancer la propagande bonapartiste et il y est rejoint en 1838, par le prince.

 

En 1840, Louis-Napoléon tente une seconde fois avec son ami de s’emparer du pouvoir, au moment où le retour des cendres de l’Empereur réveille la ferveur bonapartiste. C’est un nouvel échec et la plupart des conspirateurs sont arrêtés. Ils sont alors jugés et Louis-Napoléon est condamné à la prison à perpétuité et sera enfermé au fort de Ham. Persigny, qui a bravé ses juges avec insolence, est condamné à vingt ans de détention, et est enfermé dans la forteresse de Doullens, au nord d’Amiens, dans la Somme. Il ne sera libéré que par la Révolution du 24 février 1848, et dès le 27 il est à Paris, où il rejoint le prince Louis-Napoléon.

 

Persigny dirige la campagne qui amène l’élection du prince à la présidence en décembre 1848, et devient ainsi un personnage important. Secrétaire des commandements du président de la République, il est aussi élu en mai 1849 à l’Assemblée législative dans les départements du Nord et de la Loire, optant pour le premier, où son score est le meilleur.

 

Il travaille activement au coup d’état du 2 décembre 1851, où il est chargé de la prise de possession du Palais Bourbon par la troupe avec le colonel Espinasse.

 

Il est ministre de l’Intérieur à deux reprises (22 janvier 1852-23 juin 54 et 24 novembre 1860-23 juin 1863), et en même temps ministre de l’Agriculture et du Commerce (25 janvier 1852-23 juin 1853), ambassadeur de France à Londres (de 1855 à 1858, et de 1859 à 1860).

 

Il est cependant disgracié en 1863, sur l’insistance de l’impératrice Eugénie, laquelle ne lui pardonnait pas d’avoir combattu son mariage avec Napoléon III.

 

Président du Conseil Général de la Loire, il se rend souvent dans son département où son œuvre économique est importante (creusement du canal du Forez, développement du réseau ferroviaire, etc …). Il préside en 1864 à Roanne, l’inauguration de l’église Notre-Dame-des-Victoires et fait obtenir à cette ville une Chambre de Commerce. Il est aussi à l’origine de l’obtention par la ville de la croix de la Légion d’Honneur. Un décret signé de Napoléon III, daté du 7 mai 1864, autorise ainsi la ville de Roanne à ajouter à ses armoiries la croix de la Légion d’honneur, décoration qui avait été accordée par Napoléon Ier pour l’héroïque résistance de 1814 contre les autrichiens.

 

La guerre de 1870 et la chute de l’Empire le voit contraint à l’exil à Londres avec ses enfants. Définitivement brouillé avec l’impératrice, il ne reverra pas Louis-Napoléon lorsque celui-ci, libéré après Sedan, gagne à son tour l’Angleterre. En 1871, il rentre en France.

 

A demi paralysé par une attaque d’apoplexie, il part à Nice, où il meurt dans une grande solitude, le 12 janvier 1872, à 21h00, à l’hôtel du Luxembourg Le lendemain de sa mort, une lettre de NAPOLEON III arrivait en lui souhaitant un prompt rétablissement.

 

D’abord déposé dans une église de Nice, son corps est inhumé à Saint-Germain-Lespinasse, son village natal, en août 1872 en présence de son fils Jean, deuxième duc de Persigny, et de sa fille Lyonnette.

 

Homme courageux, assumant et revendiquant tout l’héritage de l’Empire, il ne renia jamais son prince et ses principes bonapartistes. Il eut l’amertume d’assister à la fin du rêve pour lequel il avait vécu et combattu.

 

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Victor Fialin de Persigny fut le précurseur de tous les bonapartistes militants d’aujourd’hui. Avec le regretté Thierry Choffat nous l’avions tous les deux pris pour modèle et je taquinais souvent Thierry en lui décernant le titre de « Persigny du XXIème siècle ». De Persigny doit être un exemple pour nous, un exemple de fidélité à des principes, à une cause, et de persévérance dans le combat politique.

 

Cette année, l’Appel au Peuple ne manquera pas de lui rendre hommage car nous partageons avec lui cette « folie » que moquait gentiment l’empereur Napoléon III lorsqu’il disait « il n’y a que Persigny qui est bonapartiste mais il est fou » !

 

 

 

 

Enfant du Comminges, dans les Pyrénées Centrales, j’ai cet amour pour les territoires qui au fil des siècles sont venus former notre belle France. Cette France que j’ai servi durant quelques années au sein des unités de l’Infanterie de Marine et par ce biais sur différents théâtres d’opérations et qui m’a donné ainsi une deuxième famille. Amoureux de notre Histoire mais surtout admirateur de l’œuvre de nos deux empereurs, loin de tous anachronismes, je défends leur mémoire mais aussi les valeurs qu’ils nous ont légué pour une certaine idée de la France grande, juste, respectée et généreuse. Cette Histoire, ces valeurs et cette mémoire qui doivent nous rendre fier d’être Français.