Le bonapartisme est d’abord une histoire, celle de ce qu’on dit et accomplit nos empereurs Napoléon 1er et Napoléon III.
C’est une histoire de ceux qui se sont reconnus dans ce que les deux empereurs ont dit, écrit et fait, et qui les ont rejoint et suivi. C’est une histoire de ceux qui après le 4 septembre 1870 ont continué à croire, déjà, à une certaine idée de la France.
Etre bonapartiste en 2020, sans nos empereurs et sans appartenir aux générations qui les ont accompagnées, c’est avoir la conviction, sans nostalgisme, que cette histoire contient des leçons politiques utiles pour notre époque. Etre bonapartiste aujourd’hui c’est regarder l’histoire des deux empires, et de l’idée napoléonienne, comme une leçon qui tire la politique vers le haut quand elle est tombée très bas.
Il n’y a pas de catéchisme du bonapartisme à proprement parlé mais seulement des mémoires comme le Mémorial de Sainte-Hélène, des écrits généraux comme les Idées Napoléoniennes. Non seulement dans les mots mais aussi dans les actes, Napoléon et Louis-Napoléon ont placé haut la Nation, l’Etat, le rôle de la France dans le monde, la souveraineté du peuple, le progrès social. Mais cela, ne doit pas faire occulter la conception bonapartiste que la politique doit s’accorder aux circonstances et aux réalités.
Les principes demeurent mais leur traduction politique est différente selon les circonstances. On ne fait pas la même politique économique en 2020 qu’en 1810 ou 1860. On ne fait pas la même politique sociale aujourd’hui qu’il y a 170 ans. On n’agit pas de la même manière selon que l’autorité de l’Etat est bien assise ou qu’elle est très affaiblie et qu’il faut la restaurer. Le bonapartisme n’est pas une idéologie au sens que le XXe siècle a donné à ce mot mais ce n’est pas non plus un simple opportunisme.
La politique napoléonienne est une politique qui se fait à partir des réalités historiques, culturelles, économiques, démographiques, sociales, géographiques. « Le meilleur gouvernement est celui qui remplit bien sa mission, c’est-à-dire celui qui se formule sur les besoins de l’époque et qui, en se modelant sur l’état présent de la société, emploie les moyens nécessaires pour frayer une route plane et facile à la civilisation qui s’avance. » a écrit Louis-Napoléon Bonaparte. Oublier ces réalités amène à faire le jeu de forces politiques totalement à l’opposé du bonapartisme. Manque de Nation, d’Etat, de frontières, d’autorité, de volontarisme voilà tous les ingrédients portant frustration et extrémisme. Priver les citoyens de la Nation amène le nationalisme. Occulter l’identité amène la crispation identitaire. Défaire l’autorité amène l’autoritarisme…
Quant au dépassement de la droite et de la gauche sur lequel beaucoup bloquent ou s’interrogent, il est dans les gènes du bonapartisme parce que dans la France napoléonienne il y avait la droite royaliste et la gauche jacobine : « la France c’est tous les Français ». Dans l’idée napoléonienne, il ne s’agit pas de l’affrontement d’un camp contre un autre, on ne se pose jamais la question de savoir si une mesure peut être étiquetée de droite ou de gauche mais seulement si elle est bonne pour le pays. Dépasser la droite et la gauche, ce n’est pas chercher à être au centre, le bonapartisme n’est pas un centrisme ! Dépasser la droite et la gauche, dans l’idée napoléonienne, c’est placer la Nation, son intérêt, sa grandeur, son unité, au-dessus des partis et des idéologies qui deviennent leur propre finalité.
C’est ce que nous voulons avec l’Appel au Peuple.